Gilles Vanden Burre (Ecolo) : « L’industrie et la Flandre, ce sont des partenaires »
Le chef de groupe Ecolo-Groen à la Chambre a visité l’usine Chemours à Malines, à l’invitation du Voka. « Je veux tordre les clichés nationalistes en montrant que l’on a besoin les uns des autres », dit-il.
Gilles Vanden Burre, chef de groupe Ecolo-Groen à la Chambre, a participé ce jeudi matin à un stage organisé par le patronat flamand au sein de l’industrie chimique Chemours à Malines. Studieusement, il a écouté les efforts réalisés par l’entreprise pour répondre aux contraintes environnementales, l’argumentation sur l’importance de ses produits dans bien des domaines (mobilité, médical, industrie au sens large…) et les frictions dues à la complexité de la transition, aussi, ou en raison du passé polluant de l’industrie. Un échange en néerlandais, dont il évoque l’importance pour Trends Tendances.
Votre visite dans cette industrie chimique met en évidence l’importance de dialoguer avec l’industrie, flamande qui plus est.
Le premier enjeu pour nous, écologistes, c’est d’être en contact avec le milieu industriel. C’est fondamental de faire passer un message : les industriels, ce sont des partenaires pour la transition. On n’arrivera pas sans les industriels à être neutre en carbone d’ici 2050 et à diminuer les émissions de 50% d’ici 2030. Il faut évidemment réguler, mais aussi dialoguer avec eux pour le faire de la façon la plus judicieuse. Mais ce qui est sûr, c’est que ne rien faire, cela nous coûtera beaucoup plus cher.
L’industrie est un enjeu colossal ?
Evidemment. Je visite aussi beaucoup de PME, mais on parle ici d’un enjeu plus important encore. Ce sont des transitions très importantes à mener, d’autant qu’il y a un héritage polluant à gérer que ce soit dans la pollution des sols ou dans les émissions. Chez Chemours, nous en avons parlé ouvertement, en toute transparence. L’industrie, c’est un partenaire, oui, mais il y a des efforts à faire ! L’enjeu principal, il se trouve précisément dans les industries polluantes.
Le stage auquel vous avez participé est organisé par le Voka, organe représentant le patronat flamand.
Absolument. En tant que député fédéral Ecolo-Groen, je vais régulièrement faire des visites en Flandre, c’est un autre signal important. Je pense que je suis un des seuls députés francophones à le faire. C’est la deuxième année que je participe à ces stages du Voka : je ne suis pas toujours d’accord avec ce qu’il raconte, je leur dis très clairement, mais ce sont aussi des gens avec qui on peut faire des choses. L’année dernière, nous avons organisé ensemble une table ronde sur la mobilité interrégionale des travailleurs, notamment.
On vient encore de voir l’enjeu : sur 117 000 offres d’emploi du VDAB en Flandre occidentale, il y a eu 51 sollicitations wallonnes…
Voilà, c’est dans l’actualité. C’est clairement une priorité pour moi. Le directeur général de Chemours Belgium est francophone, je ne le savais pas, mais cela montre que c’est possible. Nous sommes totalement liés en tant que bassins économiques. Je suis venu en train jusqu’ici, à Malines, cela met 18 minutes !
Le feu communautaire donne l’impression que l’on est toujours dans le conflit. Ma venue ici est aussi une réponse aux nationalistes : moi, je suis dans le contact, le Voka est un partenaire et même si nous avons des désaccords, il y a des choses que l’on peut faire ensemble. On peut notamment modifier l’image des francophones et wallons qui sont trop souvent caricaturés par les nationalistes.
Si c’est parfois compliqué pour les francophones de venir travailler en Flandre, c’est aussi parce qu’un parti – je ne parle même pas de l’extrême droite – qui donne systématiquement l’impression que nous sommes des paresseux ou des assistés. Mais entre les gens, cela se passe bien ! Je visite beaucoup d’entreprises, on ne m’a jamais dit que l’une d’entre elles allait fermer parce qu’il y a des problèmes communautaires. Je veux tordre les clichés nationalistes en montrant que l’on a besoin les uns des autres ! Qu’un député écologiste francophone réponde à l’appel du Voka, c’est peut-être contre-intuitif, mais je le fais avec plaisir : cela prouve que l’on a plein de choses à faire ensemble
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