Geoffroy Gersdorff, CEO de Carrefour: “Une réduction ciblée des charges”
“Le secteur du commerce est le plus grand employeur du secteur privé avec plus de 500.000 employés en Belgique, rappelle le CEO de Carrefour. Il réclame des mesures pour l’emploi. Et assène: “Il faut éviter une longue vacance de pouvoir, à tous les niveaux.”
Les CEO de Carrefour, Geoffroy Gersdorff, répond à Trends-Tendances dans le cadre du dossier “le coup de gueule des patrons”.
Quels sont les défis majeurs rencontrés par votre entreprise et votre secteur?
Carrefour, et le secteur de la grande distribution, est le lien commercial entre les producteurs et les consommateurs. Cette position unique nous permet de mesurer au quotidien le pouls de notre société. Malgré la stabilisation de l’inflation alimentaire, le pouvoir d’achat reste la préoccupation majeure des ménages. La part du budget allouée à l’alimentation est en baisse continue (environ 13% aujourd’hui) et la consommation saine et durable est en compétition de plus en plus forte avec les loisirs, les vacances ou parfois simplement les besoins primaires de subsistance. Alors même que la transition alimentaire et écologique est devenue indispensable.
Le commerce fait face à de permanentes injonctions contradictoires : les consommateurs demandent des produits de meilleure qualité ET moins chers, les producteurs doivent être mieux rémunérés ET font face à des normes de production de plus en plus exigeantes; l’état cherche des sources de revenus perpétuelles via des nouvelles taxes ou des accises ET le secteur supporte déjà des charges énormes qui impactent lourdement sa rentabilité, les prix de vente et limitent la capacité d’investissement.
Cette dernière année, la marge nette dégagée par l’ensemble du secteur du commerce en Belgique est de moins de 1% et est en forte régression. Ce qui entraîne faillites et réorganisations. L’incapacité d’absorber dans les marges les évolutions des prix de production et de distribution, les indexations automatiques, les nouvelles taxes et accises, … entraînent une inflation plus importante des prix de vente et une fuite des achats vers les pays voisins (+2,5Md€ par an).
Quelle est la mesure prioritaire que vous attendez du politique?
Le secteur du commerce est le plus grand employeur du secteur privé avec plus de 500.000 employés en Belgique. Nous jouons également un rôle fondamental comme ascenseur social, en donnant un emploi et formant de nombreux travailleurs peu ou pas qualifiés. L’attractivité du secteur reste pourtant faible et trouver des collaborateurs ou faire évoluer les talents devient de plus en plus difficile.
Une première priorité serait la réduction ciblée des charges pour les bas et les moyens salaires par une baisse du taux ONSS afin d’augmenter le revenu net des travailleurs tout en renforçant la compétitivité de nos entreprises. Cette mesure permettrait de maintenir des prix compétitifs pour les consommateurs, de soutenir les initiatives de durabilité et d’innovation et d’investir davantage dans la formation et l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement.
Une seconde mesure forte serait le soutien de nos filières agro-alimentaires belges par la revalorisation du savoir-faire local, la transparence et l’éducation au manger belge et local. L’accompagnement des producteurs vers une agriculture plus durable et une consommation plus responsable et accessible à tous.
Quelle serait votre coalition préférée, votre Premier ministre et votre ministre-président préféré?
Il faut éviter une longue vacance de pouvoir, à tous les niveaux. Compte-tenu des tensions géopolitiques actuelles, de la situation économique des régions et des enjeux européens, des gouvernements de combat sont nécessaires pour porter l’ambition nationale et répondre aux attentes légitimes des citoyens belges.
Le coup de gueule des patrons
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