« Forcer les banques à offrir à leurs clients la meilleure formule d’épargne est une meilleure idée qu’un bon d’État fiscalement avantageux »

De Croo et Van Peteghem © belga

Il n’y aura pas d’avantage fiscal pour ceux qui souscriront au bon d’État à un an du mois de mars et pour lequel les souscriptions ont démarré ce jeudi 22 février. Pas plus que le précompte mobilier ne sera réduit à 15%, comme c’était le cas en septembre dernier. Le bon d’État ne sera donc pas plus avantageux que d’autres produits bancaires. Une décision logique, estime Patrick Claerhout, spécialiste bancaire de Trends.

Pourquoi n’y aura-t-il pas d’obligation d’État avec précompte mobilier réduit ?

PATRICK CLAERHOUT. “Tout le dossier était devenu tellement politisé qu’aucune autre solution n’était envisageable. Le ministre des Finances Van Peteghem a fait pression, car il voyait dans ce nouveau bon d’État un moyen de succès électoral. Les autres partis politiques ne lui ont pas accordé ce plaisir, le Premier ministre De Croo en tête. Le projet était aussi des plus bancals. Il n’était pas clair pourquoi cette réduction du précompte mobilier était nécessaire. En fin de compte, cela doit rester une intervention exceptionnelle. Enfin, l’impact réel sur le budget pouvait aussi prêter à discussion. Il est difficile de prévoir comment les taux d’intérêt vont évoluer.”

De Croo et Alexia Bertrand ont également souligné que cela représentait une concurrence déloyale avec les banques…

“Ils ont raison. Il n’est pas logique que l’État s’accorde un avantage. Celui qui épargne sur un compte à terme risquait de recevoir moins d’intérêts que sur les bons d’État, mais devait quand même verser plus d’argent aux finances publiques. Cela n’a pas de sens. Et l’on peut se demander où cela s’arrêtera. Bientôt, l’État s’accordera un avantage fiscal quand il recrute du personnel. Il y a en effet une pénurie sur le marché du travail et là aussi, le secteur public et le secteur privé sont concurrents.”

Ce nouveau bon d’État devait stimuler la concurrence entre les banques. Qu’en est-il maintenant ?  

“Je vois d’autres possibilités, comme la suppression de la prime de fidélité. Cela améliorerait la transparence, permettant ainsi au consommateur de comparer plus facilement les tarifs. Mais cela mènera-t-il à un taux d’épargne plus élevé, c’est une autre question. Car c’est précisément la prime de fidélité qui permet aux banques d’offrir un taux d’intérêt plus élevé, car elles supposent que cet argent est immobilisé à plus long terme. Je crois aussi à la proposition de Vooruit de contraindre les banques à offrir à leurs clients la meilleure formule d’épargne. Une bonne partie de la grogne envers les banques remonte au moment où des banques comme BNP Paribas Fortis et ING ont lancé de nouveaux comptes d’épargne offrant de meilleures conditions, laissant les clients qui avait déjà un compte d’épargne sur la touche. Le gouvernement n’aurait jamais dû laisser passer cela. Il aurait dû contraindre les banques à récompenser tous les clients.”

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