L’an dernier, 70 % des fonctionnaires partis à la retraite n’avaient pas atteint l’âge de 65 ans, selon des chiffres du Service fédéral des pensions. Cette tendance confirme que les agents du secteur public continuent de recourir massivement à la pension anticipée.
L’an dernier, 70 % des fonctionnaires partis à la retraite n’avaient pas atteint l’âge de 65 ans, selon des chiffres du Service fédéral des pensions. Cette tendance confirme que les agents du secteur public continuent de recourir massivement à la pension anticipée. Comparativement, cette proportion est nettement plus faible chez les salariés (46 %) et les indépendants (23 %) selon De Standaard. Et ce, malgré les multiples réformes adoptées au fil des années pour encourager le prolongement de la vie professionnelle. Depuis cinq ans, l’âge moyen de départ à la retraite reste figé à 63 ans et 9 mois.
Un calcul avantageux pour les carrières du public
Depuis le 1er janvier 2025, l’âge légal de la retraite a été fixé à 66 ans. Il passera à 67 ans dès 2030. Toutefois, en principe, toute personne peut bénéficier d’une retraite anticipée si elle justifie d’une carrière suffisamment longue. Pour un départ à 63 ans, une carrière d’au moins 42 ans est requise. Dans la fonction publique, cette exigence est plus facilement atteinte : plus de neuf fonctionnaires sur dix peuvent partir avant 65 ans. Chez les salariés, ce taux tombe à huit sur dix, et à cinq sur dix pour les indépendants.
Dans la fonction publique, les conditions sont souvent aussi plus avantageuses. Chaque année prestée est en effet comptabilisée à hauteur de 1,05 année, ce qui signifie qu’un agent ayant travaillé 40 ans peut atteindre les 42 années de carrière requises pour bénéficier d’une pension anticipée à 63 ans.
Un système contrasté selon les professions
Les indépendants, moins couverts par des dispositifs favorables, peinent souvent à remplir les conditions pour partir anticipativement. Le phénomène d’un départ précoce dans la fonction publique n’est cependant pas propre à la Belgique. “C’est un constat mondial”, souligne Yves Stevens. “Quand une personne s’identifie fortement à son métier — comme c’est souvent le cas chez les médecins, avocats, magistrats ou autres indépendants — elle a tendance à rester active plus longtemps.”
Le paradoxe, selon l’expert, réside dans les effets inverses des réformes successives. Si les conditions de départ ont été durcies, elles ont entraîné un recul modéré des départs anticipés chez les fonctionnaires (de 74 % en 2019 à 70 % en 2024). En revanche, de plus en plus de salariés et d’indépendants choisissent de partir avant l’âge légal. Résultat : l’âge moyen de départ à la retraite reste inchangé depuis cinq ans, à 63 ans et 9 mois