Lommel, la nouvelle capitale belge du verre
Avec près d’un milliard d’euros investis, Lommel ambitionne de devenir la nouvelle capitale belge du verre.
Au début des années 1960, Philips, alors en peine ascension et installé à Eindhoven, siège de la multinationale néerlandaise, tourne ses regards vers sa voisine belge, Lommel, à l’époque gros bourg aussi campagnard qu’endormi. “Il n’y avait ni syndicats, ni grèves et une population prête à travailler en équipe”, se souvient Geerts Leroy, ancien directeur du personnel. Une partie des activités verrières jusque-là concentrées à Eindhoven sont ainsi transférées de l’autre côté de la frontière.
Trois décennies plus tard, l’usine, rebaptisée EMGO, devient une joint-venture entre Philips et Osram, alors filiale de Siemens. L’emploi y reste important (plus de 500 personnes au tournant du siècle) mais commence à fondre lorsque l’Europe annonce son intention d’interdire la commercialisation de lampes à incandescence, grandes consommatrices d’énergie.
Ciner vient de poser la première pierre d’une unité capable de produire quotidiennement quelque 7 millions de bouteilles.
Un futur à la fois suisse…
Après une tentative menée par d’anciens cadres de l’entreprise visant à prendre pied sur le marché alors naissant du verre pour panneaux solaires (Ducatt), le site, à l’abandon depuis des années, reprend aujourd’hui vie. Il le doit l’arrivée de Glas Trösch, entreprise familiale bicentenaire suisse dont les origines remontent à 1905. Déjà présent dans notre pays (Diest), le groupe y produira dès 2025 de quoi équiper annuellement 300.000 ménages en vitrages triplement isolants. Près de 300 emplois directs et 1.000 indirects seront ainsi créés.
… et turc
Un bonheur venant rarement seul, un autre groupe, tout aussi familial mais de constitution plus récente (1978), a lui aussi jeté son dévolu sur ce coin de Campine. Dans le Kristalpark voisin, le conglomérat turc Ciner vient en effet de poser symboliquement la première pierre (en verre, cela va de soi) d’une unité de production capable de produire quotidiennement quelque 7 millions de bouteilles. Une fois les fours allumés, ces derniers ne devraient plus s’éteindre avant 40 ans, pérennisant ainsi le plus grand investissement turc (600 millions d’euros) dans notre pays. A terme, quelque 1.000 emplois, directs et indirects, devraient être créés.
Ces deux investissements ajoutés à la capacité qui existe déjà à Mol où le japonais AGC exploite une ligne de float ainsi qu’une unité de production de verre à couche, toutes deux “héritées” de Glaverbel, devraient transformer la région en nouvelle capitale du verre avec, pour atouts majeurs, une situation géographique enviable ainsi que la proximité de fournisseurs potentiels.
Ciner annonce vouloir utiliser 75% de verre recyclable. Cela tombe bien: le recycleur néerlandais Maltha, en réalité une joint-venture entre Renewi et Owens Illinois, y est actif depuis un moment déjà. Quant au sable, découvert au 19e siècle au hasard du creusement d’un canal, il a permis de construire une impressionnante multinationale (SCR-Sibelco) au chiffre d’affaires consolidé de 2 milliards d’euros avec un actionnariat lui aussi familial depuis que, fin des années 1940, la famille Emsens a succédé au groupe Brufina comme actionnaire de référence de la société.
Guillaume Capron
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