La Flandre ne veut plus d’eau wallonne
Appliquant le principe de précaution, De Watergroep construira à Hal une installation temporaire destinée à réduire la teneur en PFAS du peu d’eau que la Flandre importe encore de Wallonie.
Massivement utilisés depuis les années 1950 pour leur propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ainsi que leur résistance aux fortes chaleurs, les composés per- et polyfluoroalkylés, communément appelés PFAS, sont en réalité près de 4.000 et donc impossibles à doser individuellement. D’où l’élaboration par l’Europe, pour les eaux de consommation humaine, d’un certain nombre de valeurs paramétriques qui ne pourront plus être dépassées.
Parmi celles-ci, figurent les 20 PFAS considérés comme les plus dangereux pour la santé humaine et dont le total ne peut dépasser 100 nanogrammes, c’est-à-dire un dix millionième de gramme par litre. Cette norme doit en principe entrer en vigueur le 12 janvier 2026.
Parallèlement, la directive européenne insiste sur la nécessité de fournir au consommateur des informations actualisées qui devraient “inclure les résultats des programmes de surveillance”. Ce devoir d’information aurait en principe dû être traduit dans nos législations régionales en janvier de cette année. D’où la colère des habitants d’une douzaine de villages hainuyers, tous agglutinés autour de Chièvres, lorsqu’ils ont appris via la RTBF qu’ils avaient consommé des mois durant une eau contaminée aux PFAS en quantités nettement supérieures à ce qu’autorise la future norme européenne. Officiellement, personne n’était au courant. La belle blague!
On savait…
Même en Flandre, on savait! Sur les 380 millions de m3 d’eau potable produits en Flandre, seule une petite fraction – moins de 10 millions de m3 – est originaire de Wallonie. C’est ainsi que les services de monitoring flamands ont repéré, voici un moment déjà, dans les eaux distribuées à Saint-Roch, Essenbeek et Buizingen, trois sections de l’entité de Hal en Brabant flamand, des teneurs en PFAS supérieures aux limites tolérées par la future norme européenne.
Zuhal Demir, ministre flamande de l’Environnement, a immédiatement prévenu ses homologues bruxellois et wallon. Contact a également été pris par De Watergroep, première compagnie des eaux de Flandre, avec la SWDE (Société wallonne des eaux) qui a, en toute discrétion, dilué les eaux incriminées dans celles provenant d’autres sources puis mis en place des filtres à charbon actif. De Watergroep a également pris langue avec Vivaqua qui, au départ d’Ecaussinnes, ravitaille en eau une partie de Hal.
“Nous y sommes toujours entre 70 et 80 nanogrammes par litre. C’est plus que la moyenne flamande et au-dessus de l’objectif de 50 nanogrammes par litre vers lequel tend la Flandre”, déplore Kathleen De Schepper, directrice des relations externes du Watergroep, qui étudie comment s’approvisionner ailleurs.
La Flandre serait ainsi, en matière d’eau potable, totalement autonome. Bien sûr, cela prendra du temps, deux ans au moins, pour modifier les canalisations. Mais qu’importe: entre-temps, De Watergroep construira dès le début de l’année prochaine une installation temporaire capable d’abaisser le niveau des PFAS à 50 nanogrammes par litre.
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