Détournement de terres agricoles en Flandre

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Quoi qu’en disent les agriculteurs, la Flandre totalise assez de terres agricoles. Simplement, elles ne sont pas toutes cultivées…

L’accord conclu entre le gouvernement flamand et trois organisations agricoles – le Boerenbond, l’Algemene Boerensyndicaat et Groene Kring, porte-parole des jeunes agriculteurs – est loin de faire l’unanimité. En effet, tous les tracteurs n’ont pas repris le chemin des champs et un quatrième syndicat, Farmers Defense Force (FDF), qui n’a pas été invité aux négociations, parle même de “trahison” et annonce des “actions extrêmes”.

Nouveau venu dans le paysage agricole flamand, FDF revendique déjà 4.500 adhérents et déploie le même côté activiste que celui de sa maison mère néerlandaise. Certes, des avancées ont été obtenues en matière d’accès à l’eau ou de simplifications administratives. La “zéro fertilisation” des zones naturelles protégées (VEN gebieden), véritable chiffon rouge agité devant les agriculteurs, a été levée. Des promesses ont été formulées afin de garantir un meilleur prix aux produits agricoles et le gouvernement flamand s’est engagé à résister, chaque fois que possible, à la loi de restauration de la nature actuellement en discussion au niveau de l’Europe et qui, selon les organisations paysannes, tient trop peu compte de régions aussi densément peuplées que la Flandre.

En attendant, hormis des travaux publics urgents et indispensables, telle la protection contre les inondations, plus aucune terre agricole ne sera acquise par les pouvoirs publics d’ici le 1er octobre. Et l’on en vient ainsi au nœud du problème : la terre et son prix, 66.288 euros en moyenne par hectare, près du double du prix avancé au cours de l’été dernier par le ministre Willy Borsus pour la Wallonie: 36.368 euros. Avec pareils montants, lancer une modeste entreprise de deux hectares réclame déjà une solide assise financière.

Environ 12% de la superficie est aujourd’hui accaparée par deux affectations: la “jardinisation” et, surtout, la “chevalisation”.

Cette hausse est assez paradoxale dans la mesure où la Flandre compte toujours officiellement davantage de terres agricoles (783.000 hectares) que l’objectif (750.000 hectares) fixé par le Plan de structure du territoire (Ruimtelijk Structuurplan Vlaanderen) mitonné en 1997 déjà. Mais entre-temps, les mentalités ont évolué et 12% de cette superficie est aujourd’hui accaparée par deux affectations que les agriculteurs estiment totalement inappropriée : la “jardinisation” et, surtout, la “chevalisation”. La Flandre compte actuellement près de 200.000 équidés, souvent propriété de personnes dotées d’un confortable pouvoir d’achat.

Les pensions des agriculteurs étant ce qu’elles sont, nombre d’entre eux préfèrent, au soir de leur vie active, vendre au prix fort leurs terres à ce public fortuné plutôt qu’à de jeunes ou futurs collègues. Certes, une partie de ces éleveurs sont des professionnels. La réputation internationale des élevages flamands n’est plus à faire. Mais à côté de ces professionnels s’activent de nombreux particuliers de sorte qu’au total, 10.000 hectares environ de terres officiellement cultivables se trouvent transformées en jardin d’agrément, soit six fois plus que l’ensemble des terres agricoles achetées, en vue de leur protection, par l’association écologique Natuurpunt. z

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