“Adieu l’État PS”, “quel cadeau à la Flandre”, “changement culturel” : que dit la presse flamande de l’accord de gouvernement en Wallonie ?

Wallonie
Baptiste Lambert

Le 11 juillet, jour de la fête flamande, la presse du nord du pays n’aura pas manqué les nombreux clins d’œil à la Flandre, lors de la conférence de presse de Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot. Les éditorialistes sont positivement surpris : les choses peuvent finalement évoluer en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Même s’ils attendent de voir concrètement comment le plan du MR et des Engagés se mettra en place.

“Quel cadeau la nouvelle coalition wallonne fait à la Flandre à l’occasion de la fête flamande !”, écrit Lieven Sioen, rédacteur en chef adjoint du Standaard, qui aura repéré un accord de coalition “qui s’inscrit dans la lignée des Flamands”, mais qui “surpasse” parfois la Flandre, comme pour “la suppression annoncée des conseils provinciaux, la fusion des GRD et l’interdiction des smartphones dans les écoles primaires”. L’éditorialiste rappelle aussi cette phrase de Didier Reynders lors de la formation de la Suédoise : “Un gouvernement fédéral sans PS est une réforme de l’État en soi. La vraie réforme pourrait bien être ce gouvernement wallon sans PS. Car avec le MR et Les Engagés dans le cockpit, la Wallonie attend un changement culturel sans précédent.” Mais Lieven Sioen temporise : “Quels sont les chiffres précis ? Le nouveau gouvernement wallon veut accorder à la classe moyenne et aux jeunes actifs une réduction d’impôts de 1,5 milliard. En même temps, il veut réduire de moitié le déficit budgétaire d’ici 2029. Cela signifiera de fortes réductions des dépenses publiques, mais il n’a pas encore été précisé où exactement.”

Du côté du Tijd, Bart Haeck s’attarde aussi sur la fin de règne des socialistes : “Adieu à l’Etat PS”, écrit l’éditorialiste. “Le MR et Les Engagés rompent brutalement avec l’héritage des gouvernements PS des 36 dernières années. Pour la Wallonie, cela signifie un changement culturel, pour le centre-droit en Flandre, c’est une première pierre angulaire des coalitions miroirs.” Le Tijd note que “80% des efforts budgétaires sont réalisés en réduisant les dépenses publiques et 20% en vendant des participations publiques (…). Ils étudient actuellement si Ethias, un assureur d’origine socialiste, pourrait fusionner avec la banque publique Belfius.” Bart Haeck met également en avant la transformation des Engagés : “Ceux qui doutaient que le parti démocrate-chrétien soit vraiment prêt à s’orienter vers le centre-droit, ont désormais reçu une réponse.” La Wallonie est en plein “changement culturel”, conclut lui aussi l’éditorialiste. Cela illustre une fois de plus comment la politique belge s’est retrouvée dans une dynamique improbable depuis le 9 juin (…). Cet accord de coalition de centre-droit en Wallonie donne l’impression qu’il aurait pu être rédigé en Flandre.”

“Plus de réformes d’un seul coup que la Flandre ne l’a fait en un demi-siècle d’autonomie

Dans HLN, le journal le plus lu du nord du pays, on souligne également un “accord aux influences flamandes, voire même quelques copier-coller“, écrit Astrid Roelandt. “Épargner n’est plus un mot sale et antisocial pour la nouvelle équipe wallonne.” Mais l’éditorialiste se pose néanmoins des questions : “Où trouver l’argent ? (…). Les économies sur les institutions politiques ne pèsent pas très lourd sur un budget total. Et les économies dans les structures publiques prennent beaucoup de temps et sont souvent surévaluées”. La journaliste de conclure : “Bouchez et Maxime Prévot (Les Engagés) se targuent de rompre avec le passé, mais cela ne sera réel que si leur vague récit est finalement exact. Car s’ils se présentent désormais comme des vierges politiques, leurs partis ont également contribué au gâchis budgétaire qu’il convient désormais de nettoyer.”

Enfin, dans le Nieuwsblad, Siska Thuysbaert ne peut s’empêcher, elle aussi, de voir l’influence flamande sur cet accord de gouvernement : “Tout comme en Flandre, la distinction entre fonctionnaires contractuels et statutaires est en train d’être remaniée“, écrit l’éditorialiste. Mais elle constate, comme le politologue Daver Sinardet (VUB), que la Wallonie va plus loin sur certains points : “Le nouveau gouvernement wallon met en œuvre plus de réformes d’un seul coup que la Flandre ne l’a fait en un demi-siècle d’autonomie (…). En Flandre, on parle depuis longtemps non seulement de la réduction des droits de succession, mais aussi de la suppression des provinces.”

Accord de gouvernement en Wallonie et en FWB

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