Réforme fiscale: un blocage qui en dit long…
Le gouvernement De Croo peine à s’entendre sur une réforme fiscale, même minimaliste. La faute à un contexte budgétaire délicat et à un affrontement gauche-droite. Fumée blanche le 21 juillet? C’est compromis.
Cela reste compliqué pour le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD). Très compliqué d’atterrir sur cette réforme fiscale qui doit être l’une des dernières fleurs au fusil de la Vivaldi fédérale. Le gouvernement s’est donné jusqu’au 21 juillet pour aboutir et célébrer en fanfare la fête nationale. Mais le MR a déjà laissé entendre que la vraie date butoir était la fin de l’année.
En tout état de cause, l’épure sera bien moins ambitieuse qu’espéré: on parle désormais d’un glissement fiscal de l’ordre de 2 milliards, contre 6 milliards dans le projet initial du ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V). Et si cela coince, il faut y voir le reflet d’une coalition fragilisée, d’un contexte budgétaire délicat et de choix délicats pour le financement des mesures. Car si l’objectif est partagé – diminuer la pression sur le travail, singulièrement les bas et moyens revenus -, le reste est loin de faire consensus.
Le MR veut élargir le débat
Vu le contexte budgétaire, les libéraux francophones réclament depuis le début que la réforme soit financée par d’autes mesures. En ligne de mire, singulièrement, une réforme du marché du travail avec une plus grande activation des demandeurs d’emploi. C’est une façon de renvoyer la patate chaude au PS, le MR estimant que le ministe en charge, Pierre-Yves Dermagne, n’a pas assez pris le sujet à bras le corps. En sachant que la compétence est aussi et surtout… régionale.
Ce week-end encore, le vice-Premier MR David Clarinval a quitté les bilatérales en estimant qu’il n’y avait pas assez de mesures en matière d’emploi. Le même proposait dans La Libre du week-end de coupler ces discussions fiscales… avec la confection du budget 2024, en octobre: le MR veut aussi économiser là où on peut le faire. On est davantage occupé à chercher le Zwarte Piet (le valet puant) que d’envisager un compromis, apparemment: les autres partis chargent le MR accusés de bloquer, lui-même estimant que le PS coince sur ses propres compétences.
Cette hausse de TVA impopulaire
Pour financer la réforme, le ministre Vincent Van Peteghem avait suggéré une hausse de la TVA, singulièrement en relevant le taux de 6% à 9%, quitte à envisager des exceptions pour les produits de base. Mais une fois qu’il s’agit d’aller plus loin dans les détails, c’est là que les Romains s’empoignent.
Le MR dénonce une hausse de la TVA inacceptable sur le secteur des loisirs. PS et Ecolo regrettent que l’on envisage d’augmenter la TVA sur les journaux, magazines et sites d’information. La seule chose qui satisfait tout le monde, c’est que l’on épargne les produits alimentaires.
Mais en tout état de cause, il faudra trouver l’argent quelque part. Le PS regrette pour sa part que l’on ne taxe pas davantage le capital, ce que le MR refuse.
Une majorité fragilisée
Si la Vivaldi s’est entendue sur une réformette des pensions, la semaine passée, elle semble trop fragile pour atterrir sur une réforme fiscale consistante. Les relations entre certains protagonistes se sont déteriorées, pratiquement jusqu’au point de rupture. Le duo PS- Ecolo n’a cessé de fustiger le MR Georges-Louis Bouchez, ces dernières semaines.
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Précisément, le Bureau du MR est présenté comme un rendez-vous important, ce lundi. Ouvrira-t-il une porte ou reportera-t-on à l’automne? Une certitude: Alexander De Croo, lui, est déterminé à obtenir un accord.
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