Que signifierait réellement une non-indexation des allocations sociales ?

Une coalition « Arizona » ; en plein centre du drapeau de cet État américain se trouve en effet une étoile orange, qui irradie de rayons rouges et jaunes, la moitié inférieure du drapeau étant constituée d’un fond bleu…
Baptiste Lambert

Pour réduire l’écart entre le travail et l’inactivité, l’Arizona tente, non sans mal, de baisser la pression fiscale sur le travail. D’après la dernière version de la super-note, les 5 partis entendraient également encadrer l’autre côté, a révélé La Libre : la non-indexation des allocations sociales.

Il faut dire que les allocations sociales ont été particulièrement revalorisées, sous le précédent gouvernement. De l’ordre de 35% entre 2020 et 2024 pour les allocations de chômage et les revenus d’insertion (RIS). Cette augmentation dépasse largement l’inflation cumulée entre 2020 et 2024, qui était d’un peu moins de 20%.

Durcissement

Dans sa recherche de réduction des dépenses publiques, mais aussi dans sa volonté d’augmenter l’écart entre le travail et l’inactivité, les négociateurs de l’Arizona réfléchissent à baisser la taxation sur le travail et à limiter l’augmentation des allocations sociales.

Dans une précédente version de sa super-note, le formateur Bart De Wever voulait instaurer une “norme d’allocations” pour que “l’augmentation des allocations sociales pour les personnes en âge de travailler et qui en sont capables ne dépasse jamais l’augmentation des salaires du privé”. Il était également prévu de plafonner le montant des prestations sociales, y compris les allocations, “à XX% du revenu minimum que cette personne percevrait sur le marché du travail”.

Dans la nouvelle version de sa super-note, le formateur veut aller plus loin, apprend La Libre. Il est envisagé de ne plus indexer du tout deux types d’allocations : “Afin de compenser la hausse des dernières années, les revenus d’intégration sociale et les allocations de chômage de longue durée ne seront pas indexés pendant cette législature, sauf en cas d’inflation exceptionnellement haute.”

Ce que ça signifie réellement

Très vite, l’opposition, tant au PS, que chez Ecolo ou au PTB, a accusé la potentielle nouvelle majorité de vouloir réduire l’écart entre l’activité et l’inactivité par le bas, en faisant mal aux plus précarisés. Mais que signifierait réellement un gel de l’indexation des allocations sociales pour eux ? Il faut aller voir du côté des prévisions de l’inflation et du dépassement de l’indice pivot.

Que voit-on ? Que le dernier dépassement de l’indice pivot date de ce mois de janvier 2025. Les salaires et les allocations sociales seront donc bien augmentés de 2%, au mois de février, confirme le Bureau du plan, dans son dernier rapport.

Par contre, au regard de l’inflation en 2025, qui devrait être en moyenne de 2,5%, il ne devrait pas y avoir d’autre dépassement de l’indice pivot cette année, de sorte qu’il n’y aura d’indexation automatique pour personne.

Et pour le reste de la législature ? Le prochain indice pivot se situe à 133,28. Or, l’indice santé lissé, qui sert de base de calcul, devrait être de 133,25 en décembre 2025, prévoit le BFP. Il est donc probable que l’indice pivot sera à nouveau dépassé en 2026, mais rien n’est moins sûr pour la suite. Parce que, dans ses prévisions, la Banque Nationale table sur une inflation de 1,3% en 2026 et de 1,7% en 2027.

Ce que ça dit de l’indexation

Autrement dit, nonobstant une éventuelle politique hyper-inflationniste de Donald Trump, ce gel de l’indexation s’apparenterait à un saut d’index pour les allocations sociales.

Soit exactement ce qui s’est passé sous le gouvernement Michel, mais pour tous les revenus. Un saut d’index qui a lieu à peu près tous les 10 ans, soit-dit en passant, pour rendre de la compétitivité aux entreprises et limiter les dépenses publiques (allocations, pensions, etc.)

Il serait peut-être plus judicieux de revoir ce mécanisme d’indexation automatique plutôt que de lui donner des coups de canif régulièrement. En outre, il ne laisse aucune marge à la négociation salariale en cas de période de forte inflation.

C’est bien l’intention des négociateurs de l’Arizona. En réformant la manière dont est calculé l’indice santé, par exemple. Mais aussi en rassemblant les partenaires sociaux qui devraient plancher sur une réforme de l’indexation automatique des salaires et de la loi sur les salaires de 2017. Avec un résultat attendu pour le 31/12/2026, est-il écrit dans la précédente note.

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