Pourquoi le MR a dit non et assume
L’Arizona connait sa première crise. Bart De Wever s’est heurté aux mêmes difficultés que la Vivaldi sur la réforme fiscale : impossible de concilier la gauche et la droite. Et à nouveau, le MR assume.
La presse du nord du pays est unanime : le “zwarte piet” revient au MR et à Georges-Louis Bouchez. Le président du MR aurait été incapable de faire des concessions en matière fiscale, alors que l’ensemble de la note mettait en place des réformes très favorables au centre-droit.
Mais du côté des libéraux, on a une lecture très différente de la situation. Cette super-note offrait trop de concessions à Vooruit, le seul parti de centre-gauche, pour un résultat global qui ne reflétait pas (assez) leurs principales promesses électorales. Pour lesquelles le MR a remporté 30% des voix dans sa circonscription. À savoir : la levée de nouveaux impôts et la baisse des dépenses publiques.
Car pour permettre une réduction de la pression fiscale sur le travail, dans un contexte budgétaire très difficile, il a fallu créer de nouvelles recettes… beaucoup de nouvelles recettes même.
5,5 milliards de nouveaux impôts
Selon le MR, l’harmonisation du taux de TVA à 9%, plutôt que 6 et 12%, aurait représenté 1,7 milliard de nouveaux impôts. Le relèvement des accises sur l’essence aurait couté 240 millions d’euros aux citoyens et entreprises. Il était aussi question de relever la taxe sur les comptes-titres et d’instaurer la fameuse taxe sur les plus-values sur actions et obligations, qui aurait pu rapporter 500 millions d’euros.
D’après les libéraux francophones, cela aurait représenté pas moins de 5,5 milliards d’euros de nouveaux impôts, alors que la réduction d’impôts de 3 milliards d’euros n’aurait pas été d’application avant 2029 : difficile à expliquer à ses électeurs.
Trop de concessions
Cette taxe sur les plus-values a pourtant été limitée dans la dernière proposition de Bart De Wever : auraient été exemptés les investisseurs détenant leurs actifs plus de 10 ans et les entrepreneurs détenant aux moins 5% de leur entreprise, dont l’exonération fiscale serait passée de 2,5 à 5 millions d’euros. Pas de quoi convaincre le MR qui estime que la classe moyenne restait touchée par cette mesure. Qui plus est pour de l’argent qui a déjà été taxé, puisque l’investisseur en actions y investit une partie de son épargne, issue de ses revenus.
Pour les libéraux, Bart De Wever avait déjà trop concédé à Vooruit. Par exemple, la réduction du précompte mobilier de 30 à 25% avait finalement été retirée de la note. Or, pour les libéraux francophones, l’un n’allait pas sans l’autre : si taxe sur les plus-values, alors baisse du précompte. Mais Vooruit n’a pas lâché.
C’est sans doute ce qu’oublie une large part de la presse du nord du pays en accusant Bouchez et son égo d’être responsables de l’échec des négociations. La N-VA, qui a besoin de Vooruit pour constituer une majorité en Flandre et singulièrement à Anvers, lors des communales, a peut-être aussi trop concédé au seul parti de centre-gauche de cette coalition.
Bouchez est d’ailleurs soutenu par bon nombre de personnalités flamandes issues du monde économique. Ce qui a sans doute fini par le conforter dans son choix : le MR assume d’être le parti le plus libéral, économiquement, de cette coalition.
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