L’opposition fustige les flous du gouvernement De Wever et dénonce: “Vous défendez les fils à papa!”

Bart De Wever à la Chambre ce mercredi 5 février. (Belga)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le débat sur la déclaration du Premier ministre débute par un tir de barrage de la gauche sur le caractère “succinct” des données chiffrées, singulièrement sur la réforme fiscale. Les divisions concernant la taxe sur les plus-values mises en avant. Réforme des pensions et austérité dénoncées. Cette législature, à la Chambre, sera un théâtre.  

Au lendemain de la déclaration de Bart De Wever à la Chambre, annonçant un “assainissement historique”, et alors que les tableaux budgétaires ont été distribués, l’opposition monte au créneau et dénonce les flous et divergences de l’Arizona.

“Un tableau… succinct”

“Les tableaux ne contiennent aucune donnée précise sur la réforme fiscale, dénonce Sofie Merckx (PTB). Et il reste des différences entre les versions de l’accord.”

“Nous n’avons reçu ces tableaux qu’une heure après la déclaration, ce qui dit beaucoup de votre respect, ajoute Pierre-Yves Dermagne (PS). Mais ce tableau est -comment dire… – succinct.”

Ecolo-Groen et Open VLD appuient cette demande de clarification et regrettent que d’autres données aient filtré dans la presse.

Le président du groupe socialiste, Pierre-YvesDermagne, évoque les tensions apparues: “J’ai cru comprendre que le premier Conseil des ministres était déjà difficile”.

Le vice-Premier ministre Vooruit, Frank Vandenbroucke, a insisté sur le taux de 10% de la taxation des plus-values, alors que Georges-Louis Bouchez, président du MR, soulignait que bien des choses devait encore être discuées à ce sujet. Un premier différend au sein de la majorité.

Jan Jambon, vice-Premier N-VA et ministre des Finances, coup court: “Vous avez le tableau budgétaire général, mais les autres tableaux sont encore des travaux en progrès.”

“Le manque d’envie de De Wever”

Place au débat. Le Vlaams Belang, premier parti d’opposition, ouvre le tir en dénonçant “le manque d’envie” de Bart De Wever et en critiquant pêle-mêle le manque de clarté en matière migratoire, le fait que la N-VA ne dénonce plus “l’hystérie climatique” ou en assénant: “On se réjouit qu’il y ait un gouvernement et le contenu ne compte plus”. Le parti d’extrême droite regrette aussi d’être “exclu d’emblée” du débat sur la réforme de l’Etat”: “On va renforcer ce pays à tous les niveaux, déplore sa cheffe de file. Les nationalistes flamands ne doivent pas sauver la Belgique, mais défendre la Flandre! (…) Vous savez que ce pays ne fonctionne plus, mais vous préférez les ors…”. Pour la N-VA, cette opposition-là sera dure…

Axel Ronse, le jeune et nouveau président du groupe N-VA, rappelle qu’il avait le sentiment, l’année dernière, “que tout était sclérosé dans un système politique bloqué. J’ai voulu me lancer dans la politique pour cela…”. Le Vlaams Belang l’attaque immédiatement, mais il appuie: “Nous sommes une génération qui veut faire en sorte que nos enfants et nos petits-enfants puissent bénéficier de la solidarité et disposer d’une fortune.” “C’est nous qui avons créé la solidarité et vous qui défendez les intérêts des plus nantis”, l’interrompt Raoul Hedebouw (PTB). La gauche dénonce encore: “Comment combattre la pauvreté avec une diminution de trois milliards de l’enveloppe bien-être?”.

Le ton est donné: on ne lâchera rien à cette Arizona.

“Arrêtez les mensonges!”

Axel Ronse ne se laisse pas démonter et évoque le nombre démesuré de malades de longues durées, les allocations sociales données sans considération comme au CPAS d’Anderlecht, les pénuries de main-d’oeuvre et le recrutement de personnes hors de l’UE… “Qui peut encore comprendre tout cela?”, demande le chef de file N-VA. “Ce sont des cas limités et la première grande économie aura lieu au niveau des pensions, clame le PTB. Une personne sur deux devra travailler plus longtemps avec votre réforme. Certains perdront leur droit à la pension. On parle de gens qui ont travaillé dur.” Réplique de la N-VA: “Vous vous perdez dans les intox!”.

Frank Vandenbroucke (Vooruit), ministre de la Santé, intervient: “Si la sécurité sociale vous tient à coeur, vous devez l’entretenir et la renforcer. Elle nous tient à coeur.” Le débat est tendu sur la possibilité de départs anticipés à la pension et le système de malus introduit. “Une personne sur trois sera touchée”, dénonce encore le PTB, qui avance: les jours de maladie seront frappés dans le calcul de la pension.

Jan Jambon, vice-Premier N-VA: “Il sera visiblement difficile de réfuter le nombre de mensonges et de contre-vérités venant de l’autre côté de l’hémicycle. Arrêtez! (…) Que l’on tienne compte de votre carrière professionnelle effective, c’est frappé du bon sens tout de même!”. “Seront frappés dans votre projet les travailleurs de Lunch Garden ou d’Audi”, clame encore le PS. “Nous avons besoin d’eux, nous les valoriserons et les réorienterons vers une emploi” réplique la N-VA.

Rajae Maouane (Ecolo) dénonce la logique d’austérité et fustige la volonté” de vouloir “préserver la prospérité de fils à papa”: “Comment allez vous faire pour les ouvriers?”. “Nous rcompenserons les gens qui travaillent en leur donnant 500 euros de plus et nous ferons en sorte que plus de gens travaillent”, rétorque Axel Ronse.

Pierre-Yves Dermagne, président du groupe PS, dénonce encore: “Vos partis, durant la compagne, avaient promis que les travailleurs gagneraient 500 euros nets en plus. Il apparaît désormais que ce sera l’écart entre actifs et non-actifs, ce qui est déjà largement le cas.” Après vérification du programme des Engagés, il ajoute: “Pardon, 450 euros…”

David Clarinval intervient en citant l’accord du gouvernement en pointant du doigt le fait que cela concernera avant tout les plus modestes et confirme que l’écart sera supérieur à 500 euros par mois. “Vous confirmez ce que je dis”, appuie Pierre-Yves Dermagne. Maxime Prévot, vice-Premier et ex-président des Engagés, corrige en disant que la logique de so programme est respectée.

C’est dit: cette législature, à la Chambre, sera un théâtre, pour ne pas dire un cirque.

Et l’on en revient à cette satanée histoire de tableaux budgétaires.

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