Loi “anti-casseurs” et Gaza: nouveaux psychodrames au sein de la Vivaldi

Paul Magnette et Georges-Louis Bouchez, à couteaux tirés. BELGA PHOTO HATIM KAGHAT
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le PS revient sur un accord au sujet de la législation visant à sanctionner les débordements lors des manifestations. Le MR promet des ripostes. PTB et Vlaams Belang au secours? Ecolo, pour sa part, choque dans le conflit israélo-palestinien. Ambiance.

La Vivaldi fédérale ne cesse de nous surprendre. Le dernier psychodrame en date concerne la loi “anti-casseurs” visant à sanctionner les débordements et les actes de vandalisme lors de manifestations. Depuis sa genèse, les syndicats sont remontés, estimant qu’il s’agit d’une loi susceptible d’interdire de manifester. Le PS avait donné son accord, mais le FGTB en faisait un casus belli. Rideau. Le PS a fait marche arrière.

Le MR, en retour, riposte et menance de bloquer d’autres textes. Le tout dans une coalition échaudée par le conflit israélo-palestinien. Refrain connu: cela tangue, méchamment.

“Judiciarisation des conflits sociaux”

Samedi, dans les colonnes de L’Echo, Paul Magnette, président du PS, a dit “stop” à la loi anti-casseurs: son parti ne votera pas le texte, en dépit de son accord initial. “Je reconnais que le fondement du texte était légitime, dit-il. Comme bourgmestre de Charleroi, j’ai été confronté à des manifestations de gilets jaunes parfaitement pacifiques infiltrées par des casseurs.”

Mais le contexte a changé, plaide Paul Magnette. “Il y a un avant et un après Delhaize.” En clair: on constaterait une “judiciarisation des conflits sociaux”. “Certains magistrats ont clairement pris le parti du patron au nom de la liberté du commerce”, regrette-t-il.

Tiens, cela rejoint le sentiment d’un Thierry Bodson, patron de la FGTB, ulcéré d’avoir été condamné à de la prison avec sursis par un tribunal liégeois pour “entraves méchantes à la circulation” lors d’une manifestation. Pour le PS, c’est surtout l’occasion de se retirer une épine du pied alors que ce texte poussait les syndicalistes à rallier le PTB.

La riposte du MR et l’ambiguïté d’Ecolo

En retour, le MR peste: “Ne pas respecter cet accord entraînerait la remise en cause d’autres accords, grince son président Georges-Louis Bouchez. La loyauté ne peut être limitée à certains. Sur le fond, voir le PS défendre ainsi les casseurs est totalement inapproprié pour un parti démocratique.”

Les textes que le MR menace de bloquer concerneraient un projet visant à mieux protéger les adeptes des jeux de hasard et la baisse de la TVA à 6% sur les travaux de démolition-reconstruction, que les libéraux veulent élargir des particuliers aux promoteurs. Le bas de fer est engagé sachant que, si ces textes étaient soumis au vote à la Chambre, ils pourraient recueillir des majorités alternatives… avec le Vlaams Belang ou le PTB, ce qui ferait désordre.

Autre preuve du climat toujours dégradé au sein de la Vivaldi: le conflit israélo-palestinien dégénère en son sein. Zakia Khattabi (Ecolo), ministre du Climat, a provoqué la colère des libéraux en déclarant ce matin sur LN24: “Le Hamas n’a de cesse de commettre des attentats. Mais je n’utilise pas le terme ‘terroriste’ car il a une signification juridique que je ne connais pas..” Même si elle ajoutait: “Je n’ai aucun problème à qualifier les attentats perpétrés par le Hamas de ‘terroristes, d’actes de barbarie et condamnables’”.

Denis Ducarme (MR), Egbert Lachaert (Open VLD) et bien d’autres ont hurlé. “L’Union européenne qui a établi une liste spécifique qualifie le Hamas d’organisation terroriste. Notre ministre fédérale fait une lourde erreur, très lourde, en se détournant de l’UE sur des questions aussi graves”, pour reprendre les termes de Denis Ducarme.

Zakia Khattabi a fait amende honorable, quelques heures plus tard, en précisant que oui, le Hamas est une organisation terroriste. Mais le positionnement d’Ecolo et du PS suscite de vives critiques à droite, depuis le début de la guerre à Gaza.

La campagne électorale est bien ouverte, en vue du scrutin du 9 juin 2024. Et le climat politique sera tout sauf serein, à l’image de l’atmosphère étouffante dans le monde.

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