Les libertés prises avec l’accord de gouvernement par le MR commencent à faire sortir Les Engagés de leurs gonds

Plusieurs révélations de L’Echo sur la réforme du chômage ont obligé Les Engagés à réagir. Notamment sur les périodes assimilées et le statut d’artiste. Le parti de Maxime Prévot semble se distancier de plus en plus du MR. L’arrivée d’Yvan Verougstraete comme président intérim marque un tournant assumé.

Dans La Libre, le week-end dernier, Yvan Verougstraete, président intérimaire, qui sera sans doute confirmé le 13 avril par une élection interne, assumait vouloir faire jouer le rôle de la “particip-distanciation” à son parti. Les Engagés veulent montrer qu’ils ne sont à la remorque de personne, ni du MR, ni de l’Arizona. “Nous vonlons dire que ce n’est pas parce qu’on a accepté un compromis qu’on doit nous réduire à ce compromis”, a commenté celui qui a été élu au Parlement européen.

Cette distanciation est d’autant plus assumée quand un partenaire sort dudit accord de gouvernement. C’est ce qu’ont insinué plusieurs révélations de L’Echo, cette semaine, sur la réforme du chômage que doit mettre en place le ministre de l’Emploi, David Clarinval (MR). Il était notamment question de ne plus comptabiliser comme périodes assimilées les congés parentaux ou les congés-maladies. Une autre révélation remettait carrément en cause le statut d’artiste.

“Une ligne rouge”

Depuis un certain temps, c’est le soldat Ismaël Nuino, le plus jeune député fédéral, qui était envoyé au front. Tantôt pour lancer des ballons d’essai, tantôt pour contester certains excès de zèle des partenaires des Engagés.

Cette fois, ce sont les gros calibres du parti qui sont montés au créneau. “C’est NON ! Les congés de maternité et de maladie NE PEUVENT PAS être exclus des calculs pour le droit au chômage. Ce n’est pas dans le projet de gouvernement et nous nous y opposons fermement”, a lancé Yvan Verougstraete sur X.

La veille, le président de parti himself s’en était déjà pris à son partenaire libéral : “Il ne saurait être question de remettre en cause le statut d’artiste. Ce fut envisagé par d’aucuns durant les négociations, et Les Engagés s’y sont opposés avec force. Il fut convenu que ce statut serait préservé. Il n’y a donc pas d’espace pour le réviser ni le fragiliser.”

Sa collègue de parti, Élisabeth Degryse, y a carrément vu “une ligne rouge” pour son parti. Voilà un certain temps que la ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles se distancie du MR, singulièrement sur le segment de la culture. Il faut dire que les nombreuses sorties à la sulfateuse de Georges-Louis Bouchez, président du MR, ne correspondent pas vraiment à la ligne politique de la nuance prônée par Les Engagés.

Mais pour le libéral, il n’y a pas pour autant de friture sur la ligne entre le MR et Les Engagés. “Il faut arrêter de caricaturer les choses. Il n’y a pas de difficultés sur les points majeurs, sur les objectifs. À un moment donné, il y a des modalités de mise en œuvre qui doivent être débattues”, a-t-il expliqué hier soir sur LN24.

Back to the Vivaldi ?

Hier, au Parlement, David Clarinval a dénoncé de “fausses informations” en ce qui concerne les congés maternité, d’adoption et de paternité. Ils seront bien assimilés à des périodes de travail pour le calcul des droits aux allocations. L’Echo a toutefois confirmé ses informations : cette suppression figurait bien dans un projet de texte. Au cabinet du ministre, on évoque désormais une erreur de l’administration.

Par contre, les congés-maladies devraient effectivement disparaître du calcul et les libéraux remettent bel et bien en cause certains aspects du statut d’artiste. Il reste à voir ce qu’il en ressortira.

Finalement, chacun joue sa partition. C’est presque de bonne guerre : le MR tente de façonner l’accord de gouvernement à son image, les Engagés veulent montrer leur différence et exister aux côtés de libéraux omniprésents.

Mais attention à ne pas tomber dans les dérives vivaldiennes. Les acteurs de l’Arizona juraient que l’accord de gouvernement, plus précis, permettrait justement d’éviter les batailles politiques constantes.