Les 4 importantes inconnues de l’accord de Pâques

Bart De Wever - BELGA PHOTO HATIM KAGHAT
Baptiste Lambert

“Historique !” Si l’ensemble des ministres de l’Arizona a célébré l’accord de Pâques sur la loi-programme du budget 2025, il en résulte un certain nombre d’inconnues. Et elles sont souvent d’ordre budgétaire, ce qui reporte les discussions désagréables à plus tard.

La réforme du chômage

Prenez la grande réforme du chômage. L’Arizona enclenche bel et bien une réforme des mentalités en supprimant l’exception belge : le chômage était déjà dégressif, il sera désormais limité dans le temps, comme partout ailleurs dans le monde. Mais la conséquence est importante : un potentiel de 100.000 chômeurs sera exclu dès le 1er janvier 2026 et renvoyé vers les CPAS.

Le ministre de l’Emploi, David Clarinval (MR) a déjà fait ses prévisions : un tiers, trop éloigné de l’emploi, ne retrouvera probablement pas le chemin du travail. Un nouveau poids pèsera donc sur les épaules des CPAS, mais il n’a pas été chiffré par le gouvernement fédéral. Le ministre parle d’une aide de “plusieurs centaines de millions” pour faire face au flux à venir, mais aucun chiffre définitif n’a été tranché.

Il faudra, à un moment donné, le mettre dans un tableau budgétaire. Avec un probable affrontement nord-sud, face à l’état du marché de l’emploi en Belgique.

La réforme des pensions

Prenez la réforme des pensions. L’équipe fédérale de Bart De Wever a entériné une série de mesures importantes pour améliorer la soutenabilité financière du système : un nouveau système bonus/malus, une indexation limitée des plus hautes pensions et une fiscalité plus poussée pour les pensions complémentaires.

Mais rien n’a été engrangé sur les périodes dites assimilées. Il s’agit des périodes d’inactivité qui sont assimilées à des périodes de travail dans le calcul de la pension ou l’obtention de la pension minimum. Ces périodes assimilées sont vouées à disparaître, précisait l’accord de gouvernement, mais il faut désormais trancher. A priori, les périodes de maladies, de congés de maternité ou de congés parentaux ne seraient pas concernés, au contraire des périodes de RCC, de chômage de longue durée et d’emplois de fin de carrière. Mais qu’en restera-t-il vraiment ?

La réforme fiscale

Prenez la réforme fiscale. Plus de 200 petites mesures, mais aucune mention de la fameuse taxe des plus-values. Les fluctuations des marchés boursiers ont remis le débat sur la table, ces derniers jours, notamment par rapport au calcul des moins-values et aux gains espérés par le gouvernement fédéral : 500 millions d’euros par an. Une année boursière n’est pas toujours florissante et les modalités devront un jour ou l’autre être tranchées sans se tromper. Les écueils sont nombreux pour l’Arizona. Le but est d’atterrir avec un accord pour le mois de juillet. Encore une fois, on repousse à plus loin.

Le budget de la défense

Prenez le budget de la défense. L’intention est de le renflouer à 2% du PIB, pour “ne pas mettre mal à l’aise le Premier ministre lors du prochain sommet de l’OTAN“, en juin prochain, avait assuré le ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA).

À ce jour, rien n’a été définitivement décidé. On sait que notre salut ne viendra probablement pas de la vente des bijoux de famille, qui plus est dans un marché baissier. Recourir à l’emprunt est un exercice délicat pour une équipe fédérale qui s’est formée avec la promesse de remettre les finances publiques sur pied.

4,5 milliards par an et 17 milliards sur toute la législature : aucun lapin de Pâques n’est sorti du chapeau de l’Arizona.

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