Le FMI met en garde contre un blocage politique après les élections
La détérioration de la situation internationale et la dette trop importante imposent un effort budgétaire important, estime l’organisation. Qui redoute l’incapacité belge à réagir après juin. Il faut sauver le modèle social belge.
Oui, l’économie belge se porte relativement bien. Pas question, pour autant, de se reposer sur ses lauriers: le contexte international et notre dette importante nécessiteront des ajustements importants ces prochains mois. Or, les élections risquent de générer une situation épineuse qui serait préjudiciable.
Tel est le message envoyé par Jean-François Dauphin, chef de mission FMI pour la Belgique, lors de la présentation de l’étude annuelle de notre pays. Traduction: alors que les partis promettent de nombreuses dépenses supplémentaires durant cette campagne, la réalité risque d’imposer une politique bien plus austère.
Résiliente, mais…
“L’économie belge a été très résiliente ces trois dernières années” en dépit des crises sur les chaînes d’approvisionnement et la guerre en Ukraine, souligne Jean-François Dauphin. “En partie par sa structure, en partie par les politiques menées et les appuis sociaux.” La reprise a été importante après le Covid, mais elle a fortement ralenti depuis.
Le contexte se détériore avec le vieillissement de la population et la transition écologique. “Nous recommandons d’assainir les finances et de préserver la stabilité financière” souligne le chef de mission du FMI. Car les risques internationaux sont importants, au-delà des prévisions de croissance. “Une escalade des tensions géopolitiques pourrait perturber la croissance et relancer l’inflation, singulièrement dans une économie ouverte.” L’importance de la politique monétaire de la BCE sera cruciale. Mais ce n’est pas tout…
Sur le plan domestique, un blocage politique menace, au cas où l’équation consécutive aux élections du 9 juin prochain serait trop épineuse. Ce serait désastreux. “Dans ce cas, l’assainissement budgétaire nécessaire serait reporté. Dans un environnement compliqué dans le reste du monde, il serait préjudiciable que le gouvernement n’ait pas la main pour faire les réformes nécessaires.”
Sauver le modèle social
Pourquoi cet assainissement des finances? La raison la plus évidente, c’est que la dette publique est une des plus élevées en Europe. Cet endettement important réduit la capacité de réagir en cas de nouveau choc. “Or, on a vu que cela était indispensable durant le Covid.”
Mais il s’agit aussi – “et c’est le plus important”, dit Jean-François Dauphin – de préserver le contrat social belge et son haut niveau de redistribution. “Ce modèle social permet de réduire les inégalités et contribue à la résilience face aux chocs, insiste-t-il. C’est une force de la Belgique. Mais c’est aussi coûteux: la question est de savoir si l’on peut continuer de la sorte sans réformes.”
La réponse est “non”. Car la population vieillit rapidement, c’est un choc majeur, annoncé, lui. “Toutes les prévisions donnent le même scénario pour les dix prochaines années. Et le nombre de personnes de plus de 80 ans croît encore plus rapidement encore.” Chaque année, cela coûtera plusieurs points de PIB.
“La structure fédérale et la décentralisation fiscale ajoute des défis” à cette situation, précise encore le FMI.
Un ajustement de 0,8% du PIB
L’effort recommandé n’est pas mince: un ajustement de 0,8% du PIB d’ici 2030. “Nous sommes conscient qu’il s’agit d’un effort significatif.” C’est davantage que ce que les nouvelles règles européennes demanderaient.
Le plus important, ajoute-t-il, c’est la qualité de l’ajustement. “On ne voit pas la possibilité de taxer davantage. Ce ne doit pas être la majeure partie de l’effort. Il s’agit de regarder vers les dépenses. Il faut préserver les investissements, c’est l’origine de la croissance future. Il s’agit de voir comment on peut dépenser mieux.”
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