Le coup de pression des Régions sur la réforme du chômage

Rudi Vervoort (PS), David Clarinval (MR) et Adrien Dolimont (MR) - Belga Images
Baptiste Lambert

La réforme du chômage est une pierre angulaire de la coalition Arizona. Elle doit non seulement permettre de tracer une route vers les 80% de taux d’emploi, mais également engendrer des effets-retour importants qui doivent assainir les finances publiques. Mais après les remarques techniques de l’ONEM, c’est au tour des Régions bruxelloise et wallonne de sortir du bois. C’est évidemment plus étonnant dans le chef de la coalition MR/Engagés.

Décidément, cette réforme du chômage fait couler beaucoup d’encre. En début de semaine, l’ONEM tirait la sonnette d’alarme, quelques jours après le service régional pour l’emploi bruxellois, Actiris : l’exclusion, au 1er janvier 2026, de 100.000 chômeurs de longue durée, va engendrer des difficultés techniques impossibles à résoudre en si peu de temps.

Ce mercredi, c’est au tour des Régions de faire état de leurs griefs. Les gouvernements bruxellois et wallon doivent rencontrer le gouvernement fédéral, ce mercredi, pour le premier Codeco de cette législature. Il s’agit du fameux Comité de concertation, qui a connu ses heures de gloire lors de la crise du Covid.

Quelles compensations pour les communes ?

Dans deux courriers qu’a pu consulter la RTBF, entre autres, le gouvernement de Rudi Vervoort (PS), pourtant en affaires courantes, et, plus étonnamment, le gouvernement d’Adrien Dolimont (MR), montent au front. Ils ont pas mal de questions à poser à l’équipe de Bart De Wever et à David Clarinval (MR), ministre de l’Emploi, en particulier.

À commencer par les conséquences financières de cette réforme sur les CPAS, et donc les communes, et indirectement sur les Régions. “Le coût total estimé pour les CPAS bruxellois est de 121.760.000 euros à financer par les CPAS/pouvoirs locaux en Région bruxelloise. Cette charge augmentera la pression sur les finances communales et entravera leur capacité à financer d’autres services publics essentiels”, écrivent Rudi Vervoort et Bernard Clerfayt (Défi), le ministre des Pouvoirs locaux, face à la faible compensation qui est annoncée.

Du côté wallon, Adrien Dolimont et François Desquesnes (LE) s’inquiètent du décalage dans le temps de ces compensations : “Étant donné que les premiers exclus du chômage devraient avoir lieu à partir de janvier 2026, les CPAS qui financent en moyenne 70% des RIS ne disposeront pas immédiatement de ressources supplémentaires pour la première vague.” Pour l’heure, le financement des RIS pèse près de 500 millions d’euros sur les CPAS wallons.

D’autant plus que le fédéral conditionne ces compensations à un parcours de réintégration. Or, il faudra du temps pour le mettre en place et l’évaluer, de sorte que “le calcul de la dotation fédérale à destination des CPAS pourrait n’intervenir qu’en fin d’année 2027, voire être reporté à l’exercice budgétaire suivant”, écrit François Desquesnes.

Les pouvoirs locaux font face à des problèmes de financement structurel. Ce sont les fameux 4P : la police, les pompiers, la précarité, et surtout, les pensions des statutaires. Or, le fédéral a prévu une enveloppe de 1,3 milliard d’euros pour les soutenir sur toute la législature, dont 307 millions consacrés à ces pensions dites de responsabilisation, alors que la facture cumulée pour tous les pouvoirs locaux serait de 1,18 milliard d’euros rien qu’en 2025.

Vers un report de 6 mois ?

Mais, comme on l’indiquait plus haut, cela discute ferme au sein du gouvernement fédéral sur un éventuel report de la réforme. Certains plaident pour ne rien toucher, d’autres pour reporter la réforme de 6 mois, afin que les services régionaux de l’emploi puissent s’adapter. Ce week-end, David Clarinval (MR) a ouvert la porte à un étalement de la réforme dans le temps. Lors du prochain kern, David Clarinval devrait présenter un étalement en 4 phases des exclusions du chômage, apprend L’Echo, ce mercredi.

Le problème est qu’un report de la réforme du chômage pèserait inévitablement sur les finances de la coalition fédérale, qui sont déjà en décrochage. Parce que l’Arizona vise, et c’est ambitieux, 8 milliards d’effets-retour de ses politiques de remise à l’emploi, dont la limitation du chômage dans le temps fait partie.

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