La réforme limitant le chômage dans le temps pourrait… être étalée dans le temps

David Clarinval et Bart De Wever: un fameux contretemps. (Belga)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le gouvernement De Wever devrait décider d’une application plus souple de cette réforme phare. Les organismes d’emploi ont tiré la sonnette d’alarme sur la faisabilité d’une application complète dès le 1er janvier 2026. Politiquement et budgétairement, c’est un contretemps.

C’est un fameux contretemps pour le gouvernement De Wever. À la fois pour le symbole et pour le budget. La réforme visant à limiter le chômage à deux ans maximum suscite des inquiétudes au sein des organismes d’emploi (Onem, Forem, Actiris, VDAB). Le vice-Premier ministre MR David Clarinval, en charge de l’Emploi, concède qu’un report n’est plus à exclure.

“Nous avons tenu compte, entre la première et la deuxième lecture du projet de loi, des avis des organismes régionaux de l’emploi, de l’Onem, du Conseil d’État et des partenaires sociaux, dit David Clarinval au Soir. Nous étudions donc, en vue de la discussion en kern, ce lundi, de plusieurs scénarios qui auront pour objectif une mise en œuvre progressive, et ce sans impacter les attentes budgétaires et les objectifs de remise à l’emploi.”

La quadrature du cercle.

Plusieurs mises en garde

Les organismes en charge de l’emploi ont en effet exprimé leurs doléances, singulièrement sur la faisabilité d’une application rapide de la loi. Le gouvernement souhaitait une entrée en vigueur dès le 1er janvier 2026. Plus de cent mille chômeurs pourraient être concernés lors de cette première vague.

Selon une note de l’Onem datée du 12 mai, dévoilée ce week-end par L’Echo, il s’agit d’une opération “lourde” qui ne pourrait techniquement pas être accomplie dans les temps. La complexité concerne notamment le calcul du nombre de jours de travail prouvés pour ouvrir le droit aux allocations.

“La modification de l’écran de calcul sera informatiquement et techniquement lourde car l’application doit être réécrite dans une nouvelle technologie, celle sur base de laquelle elle a été conçue n’étant plus supportée”, souligne cette note. Après quoi l’ensemble des bureaux de chômage devront être formés aux nouvelles applications.

Cristina Amboldi, directrice générale du bruxellois Actiris, avait déjà souligné que les informations venant de l’Onem pourraient ne pas être disponibles à temps. Elle demandait un report: “On travaille pour être prêt. Mais quand on demande un report, ce n’est pas un caprice. On ne s’est pas levé un matin en se disant: “On va les ennuyer.” Mais je rappelle qu’en parallèle à cette réforme du chômage, il y a celle concernant l’activation des malades de longue durée, et que Bruxelles n’a pas de gouvernement ni de budget. Ça fait beaucoup.”

Le VDAB flamand a également souligné que le délai actuel “comporte un risque pour la continuité des services fournis par les services publics de l’emploi”.

Symbole et épine budgétaire

Cela fait beaucoup, d’autant qu’il reste encore à finaliser le parcours législatif du projet de loi avec une fronde attendue de l’opposition, tout en s’accordant avec les Régions et les pouvoirs locaux pour l’accompagnement des personnes exclues.

Le gouvernement De Wever n’exclut donc plus un report, même s’il ne portera pas ce nom. Symboliquement, ce serait un renoncement trop fort. La limitation des allocations de chômage dans le temps est une des pierres angulaires des cent premiers jours de l’Arizona.

“En juillet, des lettres d’information seront envoyées aux premiers exclus”, défend d’ailleurs David Clarinval, dans un entretien à L’Avenir publié ce week-end, qu’il reposte ce lundi matin. “Cette réforme sera bientôt soumise au Parlement, dit-il. Elle s’inscrit dans une approche globale: récompenser le travail, renforcer la compétitivité et flexibiliser le marché de l’emploi pour une Belgique plus dynamique et responsable.”

C’est, aussi, un pion important dans la course contre-la-montre de la majorité fédérale pour tenter de remettre de l’ordre dans les finances publiques. La remise à l’activité des chômeurs et des malades de longue durée participe à cette volonté de diminuer les dépenses sociales et de créer de l’activité pour faire rentrer des recettes fiscales.

 

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