La FEB veut réformer le mécanisme d’indexation salariale
Si les services vont bien, l’industrie perd de son dynamisme. L’économie belge vole avec du plomb dans l’aile, et cela ne s’arrangera pas sans mesures structurelles, avertit la fédération patronale qui désire réformer le système d’indexation automatique des salaires.
La FEB a pris le pouls des entreprises et celui-ci ne bat pas correctement. Plus précisément, le secteur des services se porte relativement bien. La construction affiche une certaine stabilité grâce au dynamisme des investissements publics et des rénovations qui vient compenser la baisse des constructions neuves qui sont freinées par la hausse des taux. Mais dans l’industrie, l’image n’est pas rose : des secteurs comme la chimie, le papier, le verre ou le textile souffrent particulièrement.
Une économie à deux vitesses
« On observe depuis la mi-2022 une perte de la compétitivité de l’industrie en raison de la hausse des prix énergétiques en Europe consécutive à la guerre en Ukraine et des coûts salariaux plus élevés en Belgique que chez nos voisins », note Edward Roosens, le responsable économique de la FEB.
Le lobby des entreprises belges est moins optimiste que la Banque nationale. Il table sur une croissance de 0,6% seulement cette année, alors que la BNB envisage 1,3%. Cela donne une image contrastée de l’économie, avec, en comparaison avec l’enquête réalisée en mai dernier, un plus grand pessimisme quant à l’avenir.
Après le 9 juin, il faudra agir et prendre des réformes structurelles pour restaurer notre compétitivité.
« Notre enquête de novembre révèle une situation moins favorable, souligne la FEB. En effet, les secteurs ayant connu un recul de leurs activités au cours des six derniers mois sont nettement plus nombreux que ceux ayant enregistré une évolution inverse. Et il en va de même pour les prévisions pour les six prochains mois. Si on examine ces résultats de plus près, on constate que l’économie belge évolue actuellement à deux vitesses : un secteur des services qui continue à surfer sur une forte vague de rattrapage post COVID 19 et un secteur industriel (fortement représenté dans notre enquête) qui voit la production et l’emploi décliner en raison d’une détérioration de la compétitivité due à une forte augmentation des coûts salariaux et énergétiques ».
Un pacte de compétitivité
« Le pouvoir d’achat des ménages a augmenté, mais à quel prix? poursuit Pieter Timmermans, l’administrateur délégué de la fédération patronale. Les marges des entreprises sont en baisse, nos capacités à l’exportation sont en baisse… Le problème que je vois aujourd’hui est que notre économie ne fonctionne plus que sur la consommation intérieure qui est dopée par l’indexation automatique des salaires », dit-il.
Aussi, la FEB en appelle-t-elle au prochain gouvernement, issu des élections du 9 juin, pour donner une priorité aux problèmes socio-économiques. « Notre économie vole aujourd’hui avec du plomb dans l’aile. Après le 9 juin, nous n’aurons pas le temps de nous disputer pendant des années sur qui gouverne avec qui ou s’il faut réformer l’Etat… Après le 9 juin, il faudra agir et prendre des réformes structurelles pour restaurer notre compétitivité », affirme le patron de la FEB, qui désire donc la mise en œuvre d’un pacte visant à rétablir la compétitivité de la Belgique.
Pour une réforme de l’indexation des salaires
Ce pacte devra poursuivre plusieurs objectifs. Il devra d’abord « appliquer correctement la loi sur la norme salariale et réformer le mécanisme d’indexation ou idéalement supprimer l’une et l’autre », dit la FEB. Pieter Timmermans estime que les mécanismes en œuvre dans les pays voisins, où les hausses salariales sont discutées au sein de chaque secteur, seraient en effet une solution plus simple que la méthode actuelle avec un mécanisme d’indexation automatique, tempéré par la loi sur la compétitivité. La FEB veut aussi réduire substantiellement et structurellement les charges pesant sur le travail ; maintenir les incitants fiscaux pour la R&D et l’innovation ; réduire les charges administratives pour les entreprises ; mettre en œuvre une politique vraiment encourageante en matière d’apprentissage tout au long de la carrière et assouplir la législation sur le travail (notamment en ce qui concerne le travail du soir).
« Le prochain gouvernement aura trois missions difficiles à remplir, résume Pieter Timmermans : assainir les finances publiques dans le rouge, sortir l’industrie belge du marasme et empêcher l’emploi de régresser. Il s’agira de remplir avec succès ces trois missions, étroitement liées, si nous voulons continuer à évoluer vers un déficit budgétaire inférieur à 3%, un taux d’emploi de 80% et un tissu économique durable », dit-il.
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