En marge des négociations de l’Arizona, les premières critiques flamandes tombent sur la coalition wallonne
On le sait : les prochaines coalitions devront réaliser un effort budgétaire conséquent pour faire revenir le déficit autour des 3% du PIB. En Flandre, on n’est pas totalement enthousiaste par rapport à l’accord de coalition wallon. L’effort budgétaire annoncé est toujours jugé insuffisant, pouvant avoir des répercussions sur l’échelon fédéral. Où les négociations entrent dans le vif du sujet, ce mercredi.
“Pourquoi le niveau fédéral devrait-il nettoyer la merde de la Wallonie ?”. En coulisses, du côté des socialistes flamands, les premières critiques tombent sur l’accord de gouvernement wallon. “Le MR et les Engagés alourdissent l’exercice fédéral en reportant l’équilibre budgétaire en Wallonie”, peste-t-on, anonymement, dans la newsletter spécialisée de la rue de la Loi, W16.
Il est un fait que les présidents du MR et des Engagés, Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot, ont décidé de lisser l’effort budgétaire sur 10 ans. Comprendre : deux législatures. L’explication est la suivante : la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont les dépenses sont essentiellement liées à du personnel, ne peut se permettre un effort budgétaire trop lourd, sans créer un bain de sang dans l’enseignement. Sur cette législature, l’essentiel de l’effort sera donc porté par l’échelon wallon. À charge de la prochaine législature de finir le boulot, vers un déficit de 3% à l’horizon 2029. Ce n’est pas sans fondement : après tout, l’effort budgétaire demandé par la Commission européenne pourra être lissé sur 4 ou 7 ans, et au niveau fédéral, on semble clairement s’orienter vers la 2e option.
Rousseau dézingue
“C’est un accord de gouvernement qui brasse du vent” : le président de Vooruit, Conne Rousseau, a choisi des mots très durs sur Radio 1, hier matin, à propos de la DPR wallonne. Le socialiste flamand s’interroge, comme d’autres, sur la manière dont le MR et les Engagés vont pouvoir réaliser les économies annoncées, tout en réduisant l’assiette fiscale de 1,5 milliard d’euros. D’autres partenaires flamands de l’Arizona sont également dubitatifs à propos de cette supposée réduction des dépenses et craignent aussi des répercussions sur le niveau fédéral, seul interlocuteur de la Commission européenne.
Assez paradoxalement, celui qui devrait bientôt reprendre le siège de président de Vooruit a plaidé, dans De Tijd, pour sortir certains investissements de l’effort budgétaire. Conner Rousseau insiste pour exclure du budget les investissements liés à trois domaines : le vieillissement, le climat et la défense. Les socialistes flamands, en appui des socio-démocrates et des verts européens, pensent pouvoir faire plier la Commission européenne, pour au moins deux des trois thèmes évoqués. C’est optimiste.
Les négociations fédérales
Le coup d’envoi des négociations fédérales a officiellement été lancé ce mardi. Les présidents de parti de l’Arizona se sont vus, à la Chambre, autour du formateur Bart De Wever. Les vraies discussions débuteront ce mercredi. Le président de la N-VA a opté pour la même méthode de travail qu’à l’échelon flamand, à savoir diviser les discussions autour de 6 groupes de travail pour 6 thématiques différentes : l’économie, l’énergie, la santé, la migration, la sécurité et la défense.
Une fois un accord trouvé, ces groupes de travail en réfèreront au groupe de travail central où se trouvent les principaux négociateurs de chaque parti. Au MR, on y retrouvera Georges-Louis Bouchez et David Clarinval, accompagnés de leurs sherpas, Axel Miller, chef de cabinet et Valentine Delwart, secrétaire générale du MR. Chez les Engagés, Maxime Prévot sera accompagné par Patrick Van Ypersele de Strihou, un collaborateur de longue date des Engagés. Au cd&v, Vincent Van Peteghem et Annelies Verlindent seront épaulés par le président Sammy Mahdi et le chef de cabinet Eddy Peeters. Chez Vooruit, le duo de négociateurs sera composé de l’expérimenté Frank Vandenbroucke et de Conner Rousseau, avec Inti Ghysels pour sherpa. Enfin, à la N-VA, Bart De Wever sera flanqué de Jan Jambon ou de Theo Francken, selon les thématiques. Sven De Neef, le chef du service d’études de la N-VA, assurera la partie technique.
“Manifestement, il y a beaucoup de travail”, a lâché Maxime Prévot, à son arrivée à la réunion, hier. “L’été sera long”, a-t-il ajouté, en faisant référence aux premières notes de la N-VA, qui portent forcément son sceau. “Ce n’est pas illogique, car ce sont eux qui tiennent la plume. Il y a une proposition de la N-VA, il faut arriver à une proposition de l’Arizona”, a tempéré Sammy Mahdi, interrogé par Belga.
Engie, ça coince
Sur la thématique de l’énergie, Bart De Wever a très vite annoncé la couleur : il veut prolonger Doel 4 et Tihange 3 pour 20 ans, plutôt que 10, et il veut ouvrir la voie à d’autres réacteurs. Le formateur rencontrera d’ailleurs le nouveau CEO d’Electrabel-Engie, ce vendredi, pour aborder cette question.
On connait la position d’Engie, la maison-mère, depuis longtemps. Et d’après L’Echo et De Tijd, ils la répéteront ce vendredi : le nucléaire ne fait plus partie des priorités d’investissement de l’énergéticien français. Ils mettront en place l’accord sur la prolongation de 10 ans des deux plus jeunes réacteurs, pas plus, pas moins.
En d’autres termes, si l’Arizona veut prolonger les deux réacteurs pour 20 ans, il devra faire de nombreuses concessions. Pour la prolongation d’autres réacteurs, cela semble par contre totalement exclu. En tout cas avec Engie.
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