Dermagne: Delhaize « semble avoir oublié la tradition de la concertation sociale »

Le groupe Delhaize, qui compte bientôt franchiser ses 128 magasins encore en gestion propre, « semble avoir oublié la tradition de la concertation sociale », a déploré mardi le ministre fédéral du Travail, Pierre-Yves Dermagne (PS).
Le ministre fédéral de l’Economie et du Travail, Pierre-Yves Dermagne (PS), a notamment dénoncé l’absence d’alternatives examinées par la direction, ainsi que les fouilles corporelles menées à l’entame des conseils d’entreprise cette semaine.
Selon le ministre, la CCT 32 bis, qui est brandie par la direction pour justifier la garantie d’emploi et les conditions salariales, est « largement insuffisante ». Les syndicats craignent un retour de flamme une fois le transfert vers le franchisé opéré.
L’enseigne au lion a annoncé la semaine passée 170 licenciements au siège social, qui seront étalés de façon à « contourner » la procédure Renault, a expliqué la députée Cécile Cornet (Ecolo). « Un abus manifeste », s’est-elle insurgée, en ajoutant que les écologistes avaient déposé un texte pour modifier les critères de déclenchement de la procédure Renault.
Des sanctions imposées
« Si cette loi n’est pas respectée, des sanctions seront imposées au groupe », a déclaré M. Dermagne. Le ministre a ajouté, à cet égard, qu’il avait demandé aux partenaires sociaux de se pencher sur une adaptation de la loi Renault. La réponse obtenue n’a toutefois pas été « satisfaisante », a-t-il précisé.
L’attitude de la direction a interpellé le ministre, pour qui il est « nécessaire » que celle-ci s’engage dans une « concertation sociale de qualité ». « Il n’est pas normal de fouiller les représentants du personnel avant un conseil d’entreprise, tout comme il n’est pas normal de poster un groupe de vigiles à l’entrée de la salle de réunion. Les organisations syndicales ont démontré qu’elles étaient responsables, et à ce titre elles méritent d’être respectées », a dénoncé M. Dermagne.
Un conciliateur nécessaire
Le ministre a également expliqué qu’il n’avait pas désigné un conciliateur social, censé intervenir pour que la concertation sociale se déroule au mieux. Pour rappel, début du mois, celui-ci avait annoncé que si la direction refusait d’explorer d’autres pistes que la franchisation, il désignerait un conciliateur social. Un ministre fédéral « n’a pas à imposer la présence de conciliateurs sociaux. Ces derniers sont disponibles au sein de mon administration », a précisé M. Dermagne.
Cette attitude a fait réagir certains députés, parmi lesquels Catherine Fonck (Les Engagés). « Compte tenu des enjeux sur le moyen et long terme pour les travailleurs concernés, la désignation d’un conciliateur est capitale, elle garantit une vraie concertation sociale »
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