De Croo : « la vraie honte, c’est d’aller travailler et de gagner moins que ceux qui ne le font pas”
Le libéral flamand a exprimé sa volonté de remettre la limitation des allocations de chômage sur la table du gouvernement .
Le Premier ministre Alexander De Croo a salué dimanche soir la proposition des socialistes flamands de Vooruit de supprimer les allocations de chômage aux chômeurs de longue durée n’acceptant pas un emploi de base après deux ans sans activité. Lors d’un discours prononcé devant les militants Open Vld rassemblés à Blankenberge à la veille du 1er mai, le libéral flamand a exprimé sa volonté de remettre la mesure sur la table du gouvernement.
“Le mois dernier, la famille libérale a fait des propositions en ce sens. Pas dans les journaux, mais à la table du gouvernement”, a déclaré Alexander De Croo, faisant référence au dernier conclave budgétaire. “Devinez qui a balayé ces propositions de la table ? Je vous le donne en mille: les socialistes ! Ces propositions étaient pour eux des ‘provocations’ non négociables. Mais apparemment les esprits ont mûri. C’est pourquoi nous remettrons nos propositions sur la table, au gouvernement, dans le cadre de la réforme fiscale”, a annoncé le Premier ministre.
Le manque d’épaules
“Le problème n’est pas que les épaules les plus solides ne portent pas assez. Notre vrai problème, c’est le manque d’épaules. C’est là que se situe la véritable inégalité dans notre pays, l’inégalité entre ceux qui participent et ceux qui ne veulent pas travailler. (…) Nous devons avoir le courage de dire, en cette fête du travail, qu’il n’y a pas de honte à travailler. La vraie honte, c’est d’aller travailler tous les jours et de gagner moins que ceux qui ne le font pas”, a conclu Alexander De Croo.
Le Premier ministre s’est aussi montré sceptique quant à un nouveau round institutionnel : “allons-nous nous enfoncer dans un nouveau cycle d’interminables réformes institutionnelles, de paralysie et de blocage? Comme si la vie d’un seul travailleur allait changer si les titres-services étaient du ressort des régions plutôt que du fédéral…”
“Le PS traite cette question comme les écolos traitent le dossier nucléaire”
“Nous sommes les seuls à avoir lié la réforme fiscale et la réforme du marché du travail”, a lancé le président des libéraux francophones, Georges-Louis Bouchez, lors d’un discours prononcé à l’occasion de la fête du travail du MR organisée sur le site de Tour et Taxis à Bruxelles, où les deux partis libéraux sont dans l’opposition.
“Si aujourd’hui on veut baisser la fiscalité, il faut qu’il y ait plus de gens qui travaillent. Il faut aussi réformer le marché du travail et le chômage”, a-t-il résumé, présentant la vision libérale des tâches encore à accomplir par le gouvernement fédéral avant les élections générales du printemps 2024. M. Bouchez s’en est pris à la famille socialiste – et en particulier au PS francophone, qu’il a accusé de freiner la réforme du marché du travail.
“Le PS traite cette question comme les écolos traitent le (dossier) nucléaire: ils savent qu’il faut le faire, mais ils ne le font pas pour des raisons dogmatiques et électorales”, a affirmé le président du MR à l’agence Belga à l’issue de la réunion. M. Bouchez avait auparavant été rejoint sur scène par son homologue de l’Open Vld, Egbert Lachaert, qui a affirmé que la famille libérale “va mettre la limitation (du paiement des indemnités de chômage) à deux ans sur la table du gouvernement”.
Malgré les critiques, Rousseau réitère sa proposition sur le chômage de longue durée
Dans son traditionnel discours à la veille du 1er mai, le président de Vooruit, Conner Rousseau, a réitéré, malgré les critiques de la FGTB et du PS, sa proposition de limiter les allocations de chômage de ceux qui n’accepteraient pas un emploi de base après 2 ans d’inactivité.
“Les chômeurs méritent le respect. Les propositions qui viseraient à les stigmatiser et à les traiter de profiteurs peuvent compter sur une réaction syndicale”, lui a répondu Mianda Ulens, de la FGTB. Plus tôt dans la journée, Conner Rousseau avait pu compter sur le soutien du président du MR, Georges-Louis Bouchez qui avait estimé, dans De Zevende Dag, que Vooruit était sur la même ligne que son parti, voire plus à droite sur les questions d’immigration.
“Mais le néerlandais de Bouchez n’est pas très bon. Il n’a pas bien compris. Nous ne mettons pas l’accent sur la fin du parcours et la limitation des allocations mais sur l’accompagnement qui précède. Nous voulons aider les gens; les protéger du chômage et de la pauvreté”, a insisté le président des socialistes flamands. Ce dernier est également soutenu par Paul Callewaert, le président de Solidaris. “Nous pensons que les emplois de base sont une bonne idée”, tant que ça reste corrélé à la conjoncture. “Si le chômage montait à nouveau, il faudrait freiner cette mesure”, a-t-il estimé.
Grandes fortunes doivent être mise à contribution
Afin d’allouer de l’argent à ces emplois de base et d’aider les travailleurs par d’autres moyens, Conner Rousseau plaide pour que les grandes fortunes soient mises à contribution. “Il faudrait, à terme, instaurer une contribution sur les plus-values d’actions, Il devrait y avoir un registre des richesses, même si la fille d’un millionnaire n’en veut pas”, a-t-il dit, en visant la secrétaire d’État au Budget, Alexia Bertrand (Open VLD).
“Si tout le monde paie ses impôts honnêtement, ils peuvent baisser pour tout le monde. Mais pour cela, il faut d’abord savoir où se trouve l’argent. Ce n’est qu’alors que nous pourrons collecter les impôts correctement. Et ce n’est qu’ensuite que nous pourrons accorder les prestations sociales de manière équitable”, a encore affirmé le président de Vooruit. Enfin, le parti présentera ses propositions en matière de migration d’ici deux semaines. “Là aussi, ce sera une histoire de droits et de devoirs”, a conclu Conner Rousseau sans en dévoiler davantage.