Bouchez menace de quitter la Belgique, faute de réformes: en voilà un drôle de signal…

Georges-Louis Bouchez, président du MR, en février à Marche-en-Famenne. BELGA PHOTO ANTHONY DEHEZ
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président du MR, devenu papa, ne resterait pas dans un pays qui ne se réforme pas. Pour l’avenir de son enfant. “Il est minuit moins une.” Merci, mais c’est au politique de jouer, non?

Certaines interviews font sursauter. C’est indéniablement le cas de celle accordée le week-end dernier par Georges-Louis Bouchez, président du MR, à nos confrères de Het Laatste Nieuws. Devenu papa pour la première fois, le libéral confie des états d’âme marqués par son nouveau statut.

Je ne veux pas voir mon enfant grandir dans une Région qui recule, dit-il. Il est minuit moins une.” Et d’ajuster sur les réseaux sociaux: Je veux voir mon enfant grandir dans une Région, un pays qui progresse. Nous avons besoin d’une politique libérale, de droite. L’électeur n’est pas fou. Les gens savent que cela doit aller autrement.”

Le quotidien précise dans son introduction que le président du MR se déclare prêt à déménager dans un pays hors d’Europe s’il n’est pas possible de conclure un accord de gouvernement susceptible de réformer le pays en profondeur sur le plan socio-économique. Le signal est clair, mais il est aussi troublant.

Un drôle signal

En guise de réponse, plusieurs internautes soulignent que le MR n’aurait jamais dû s’engager dans la Vivaldi. Ces expressions viennent surtout, faut-il le dire, de voix conservatrices flamandes. Pour le reste, la presse rebondit sur le message d’un “papa” – un statut qui amène d’ordinaire un peu de sagesse.

L’annonce d’un président de parti en exercice qu’il pourrait quitter le pays en cas de défaite électorale ou d’échec à conclure un accord de gouvernement ambitieux est pourtant un message inhabituel. C’est à la fois un signal d’alarme fort, mais aussi une conception étrange de la démocratie. Comme si l’on ne respectait pas à l’avance le signal qui serait envoyé.

Il donne, d’ailleurs, des arguments à ses adversaires. Thomas Dermine (PS), secrétaire d’Etat fédéral à la Relance, épingle la sortie du libéral: “La Belgique, tu l’aimes ou tu la quittes. Quand on aime son pays, qu’on arbore ses couleurs à tout-va et qu’on prétend vouloir le servir, on cherche à le rendre meilleur plutôt qu’à le fuir.”

La provocation fait certes partie de l’arsenal habituel de GLB, mais en y réfléchissant, on ne peut s’empêcher de se poser quelques questions.

Des questions en pagaille

Comment se fait-il que ce pays ne puisse être réformé à la hauteur de ce qu’il devrait être, alors que les libéraux étaient au pouvoir et disposaient même, dans le chef de l’Open VLD, du poste de Premier ministre fédéral ou, en Wallonie, des ministres de l’Economie et du Budget?

A quel jeu joue le président du MR lorsqu’il tient un discours ferme sur le plan socio-économique et sociétal, mais va chercher comme candidat d’ouverture à Bruxelles un… ancien député PTB, qui renie en outre le principe de neutralité auquel le parti est attaché?

Dans un système électoral proportionnel comme la Belgique, le MR ne disposera jamais de la majorité absolue: pourquoi ne pas chercher à travailler davantage la confiance avec les partenaires pour faire avancer les choses, au lieu de tirer sans cesse sur l’ambulance?

Enfin, que doivent penser les électeurs et travailleurs en entendant cette menace de quitter le pays, alors que leur quotidien est déjà fragile en cette période de crises multiples et qu’ils n’ont pas forcément les moyens de quitter le pays?

Les mêmes n’ont-il pas le droit, légitime, de se dire: ‘merci, mais c’est au politique de jouer‘?

Georges-Louis Bouchez a raison: la Belgique et la Wallonie doivent être réformées. Il perturbe en annonçant cette singulière volonté de quitter le pays.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content