Les syndicats et en particulier la FGTB sont vent debout contre la réforme du chômage de l’Arizona. La nervosité syndicale est palpable, car la limitation du chômage dans le temps toucherait à leur gagne-pain. Une accusation qui est portée depuis longtemps par les libéraux.
En Belgique, les syndicats servent d’intermédiaire pour le paiement des allocations de chômage, aux côtés de la Capac, la Caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage de l’État. Une situation héritée de la dépilarisation des partis politiques, des mutuelles et des syndicats.
Selon les libéraux, et en particulier Georges-Louis Bouchez, cela gonfle inévitablement le nombre de leurs affiliés, qui payent une cotisation. Mais en plus, les syndicats reçoivent des pouvoirs publics un défraiement par chômeur pour leur permettre d’organiser ces paiements.
Alors, quand la réforme des allocations de chômage de l’Arizona risque d’exclure 100.000 chômeurs de longue durée au 1er janvier 2026, le manque à gagner semble évident pour les syndicats. C’est une vieille marotte du président du MR qui expliquerait aujourd’hui la nervosité syndicale.
145.000 exclus
D’autant que ce chiffre de 100.000 exclus, avancé par le ministre fédéral David Clarinval (MR), serait sous-estimé. C’est la FGTB elle-même qui l’avance. Selon ses calculs, ce sont plus de 145.000 personnes qui seraient concernées par la limitation des allocations de chômage à deux ans. Et parmi elles, 45% seraient affiliées à la seule FGTB.
Alors, la question est simple : la FGTB défend-elle uniquement les chômeurs ou défend-elle aussi sa croute ? Interrogé sur LN24, Jean-François Tamellini, le secrétaire général de la FGTB wallonne, a botté en touche : “Je l’ai déjà dit à Mr. Bouchez : ‘apportez-moi un contrat pour remettre au travail l’ensemble des demandeurs d’emploi et je signe maintenant’. Nos affiliés travailleurs actifs payent une cotisation plus élevée que les affiliés demandeurs d’emploi.” C’est donc moins intéressant pour eux, sous-entend-il.
“Entre 60 et 70 millions”
Du côté du nouveau chef de cabinet du MR, Rudy Aernoudt, interrogé par nos confrères de Canal Z, on a fait ses calculs : “Si 100.000 chômeurs devaient être exclus du chômage, les syndicats perdraient dans leur ensemble entre 60 et 70 millions d’euros.”
Thierry Bodson, président de la FGTB, nie cette affirmation. Il l’a souvent répété : payer les allocations de chômage n’est pas une activité rentable pour les syndicats : “Les frais d’administration que nous recevons pour effectuer le paiement des allocations de chômage sont insuffisants depuis 4 à 5 ans. Tout le monde le sait très bien. On est même légèrement perdant.”
La question, c’est de savoir si les exclus du chômage qui se tourneraient vers les CPAS décideraient de garder leur affiliation auprès des syndicats. Dans le cas contraire, la FGTB perdrait aussi leurs cotisations.