815 millions à trouver : De Croo, le budget et la méthode Coué
Le Comité de monitoring a fixé le cap pour le contrôle budgétaire. « Nous sommes sur la bonne voie » réplique le Premier ministre, depuis l’ONU à New York. Tout va très bien, madame la marquise?
On “peut écouter Cassandre, qui dit que la Belgique est la ‘Grèce de la mer du Nord’. Mais est-ce vraiment le cas? J’ai beaucoup de respect pour les Grecs, mais la Belgique est deux fois plus prospère que la Grèce.” Voilà ce qu’a déclaré le Premier ministre, Alexander De Croo, depuis New York où il assiste à l’assemblée générale des Nations unies.
Tout n’irait pas si mal dans notre pays. Au rayon des bonnes nouvelles, le Premier libéral cite le nombre de créations d’emplois (“plus élevé que lors de la précédente législature”), la protection du pouvoir d’achat (“la meilleure d’Europe”) ou encore la confiance qu’a témoigné la population lors de la dernière émission de bons d’État. “Cela montre que nous avons notre avenir en main”, a estimé Alexander De Croo.
Le prix des efforts
“Maintenant, tout cela a un coût, y compris budgétaire, c’est vrai”, reconnaît Alexander De Croo, tout en s’interrogeant sur les alternatives. “On aurait pu dire en pleine crise qu’on n’allait pas aider les gens. Que des milliers d’entreprises pouvaient faire faillite. Que des centaines de milliers de personnes allaient perdre leur emploi. Qu’ils se débrouillent avec les factures d’énergie. Ce sont des choix qu’on peut poser. Ce n’est pas celui que nous avons choisi.” Après une période plus “expansive” pendant une crise, vient la nécessité de remettre le budget sur les rails au moment de la reprise.
Les efforts consentis devaient l’être, le gouvernement a protégé la population, voici venu le temps d’un effort mesuré : telle est la ligne politique. Il n’en reste pas moins que le contrôle budgétaire ne sera pas de tout repos, avant sa déclaration gouvernementale d’octobre.
Au sein de sa majorité, les sept partis vont une nouvelle fois s’écarteler entre les partisans de « gestes », notamment fiscaux, et ceux qui prônent une réduction des dépenses. D’ores et déjà, les partis se déchirent sur la migration ou les F16, après la sécurité à la gare du Midi.
Mais tout ne va pas si mal, estime Alexander De Croo.
La sécurité sociale dévisse
Le déficit budgétaire de l’entité I (État fédéral et sécurité sociale) pourrait atteindre, l’an prochain, 3,1% du Produit intérieur brut (PIB), à 18,6 milliards d’euros, selon les estimations du comité de monitoring publiées jeudi. Il s’agit d’une légère amélioration par rapport au déficit attendu pour l’année 2023. Celui-ci devrait s’élever à 3,5 % du PIB ou 20,3 milliards d’euros.
Toutefois, par rapport aux estimations de juillet dernier, cela représente une détérioration de 233 millions d’euros ou -0,1 point de pourcentage du PIB du solde de financement pour 2023. Le solde de financement de l’Entité I pour 2024 connaît pour sa part une détérioration de 1,973 milliard d’euro. Cela représente une détérioration de 0,4 point de pourcentage du PIB par rapport à juillet, selon le comité de monitoring.
Cette détérioration de 2 milliards en 2024 s’explique principalement au niveau de la sécurité sociale (0,7 milliard), de l’augmentation des prestations (1,4 milliard) tempérée par l’augmentation des cotisations (0,4 milliard), en lien avec les nouvelles perspectives d’indexation. Les transferts fiscaux vers les Communautés et Régions pèsent pour 0,5 milliard et les charges d’intérêt pour 0,2 milliard d’euros.
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