Plus de 70% des Belges favorables à un impôt sur la fortune

Olivier Mouton

Un sondage réalisé par le bureau Kantar pour “Trends-Tendances” témoigne d’un soutien massif à une telle mesure, pour diminuer la fiscalité sur le travail. Et cela vaut au Nord comme au Sud.

Une majorité de Belges est favorable à un impôt sur la fortune si cela permet de diminuer la fiscalité sur le travail. Voilà un des enseignements majeurs du ­sondage réalisé par le bureau Kantar (*) pour Trends-Tendances et les autres magazines “news” de l’éditeur Roularta. La politique fiscale est d’ailleurs une des raisons de mécontentement les plus évidentes à l’égard du gouvernement Vivaldi d’Alexander De Croo (lire les résultats complets du sondage en pages suivantes).

Graph richesse


“Un impôt sur la fortune doit être instauré, afin que la fiscalité sur le travail puisse être diminuée.” 34,7% des Belges sont “tout à fait d’accord” avec cette affirmation que nous leur avions proposée et 37,5% “plutôt d’accord”, soit un total remarquable d’opinions favorables situé à 72,2%. Si l’on met de côté ceux qui ne se prononcent pas, seuls 18% des Belges s’y opposent “plutôt” ou “tout à fait”.


Bien sûr, la formulation de la phrase proposée aux sondés, en insistant sur une diminution de la fiscalité sur le travail, peut induire un sentiment positif parce qu’elle offre une perspective intéressante aux travailleurs. Et bien entendu, les modalités techniques d’un tel “impôt sur la fortune” ne sont pas évoquées, alors que c’est là le nœud du problème, de même que les effets pervers potentiels, comme une fuite des capitaux. Mais le signal positif est là, important.

Pas de fossé Nord-Sud

Il est également intéressant de constater qu’il n’existe pas réellement de divergence entre les trois Régions du pays sur le sujet. Juste des nuances, alors que l’on aurait pu s’attendre à de véritables fossés vu les sensibilités politiques très différentes entre la Flandre et la Belgique francophone.


C’est certes en Wallonie que la conviction est la plus forte: 40,4% des sondés sont “tout à fait d’accord” avec cette affirmation relative à l’impôt sur la fortune et 32,2% “plutôt d’accord”. Mais en Flandre, si la force de la conviction est moins ancrée, l’opinion est tout aussi favorable: 32,2% de “tout à fait d’accord” et 40,5% de “plutôt d’accord”. Soit un match quasi nul de positifs: 72,6%-72,7%. C’est à Bruxelles que l’on est légèrement moins favorable, avec un total sous les 70%.


La différence de ressentis selon les âges a de quoi surprendre également: les plus convaincus sont… les plus de 55 ans, “tout à fait d’accord” à hauteur de 41,9%, tandis que les 18-34 ans ne pensent la même chose qu’à raison de 22,2%.


Si l’on tient compte des choix politiques, la logique intuitive est davantage respectée: près de 50% des sondés sympathisants du PTB sont “tout à fait d’accord”, plus de 40% en font de même dans les rangs socialistes. C’est forcément moins au MR, à la N-VA, à l’Open Vld ou au CD&V. Mais attention: 66% des électeurs N-VA, 69% des électeurs Open Vld et 73% des électeurs CD&V sont “tout à fait d’accord” ou “plutôt d’accord”. En fait, la résistance la plus forte vient des électeurs MR: 15,9% d’entre eux sont “plutôt pas d’accord” et 16,3% “pas du tout d’accord”. Mais ce refus reste relatif: près de 60% d’entre eux ne voient pas d’un mauvais œil une telle évolution.


A condition, répétons-le, que cet impôt sur la fortune permette de baisser la fiscalité sur le travail… z

(*) Le sondage a été effectué du 22 janvier au 8 février 2024 auprès de 1.000 personnes en Flandre, 1.000 en Wallonie et 600 à Bruxelles. La marge d’erreur est de de 3,1% en Flandre et en Wallonie, et de 4% à Bruxelles.

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