Face au coût du vieillissement qui grimpe encore, la réforme des pensions est largement insuffisante
Les choses empirent, selon le nouveau rapport du Comité d’étude sur le vieillissement. Le coût du vieillissement devrait encore grimper d’ici 2050. En cause, le poids des pensions et des soins de santé.
Ce n’est pas nouveau : le coût du vieillissement est un boulet au pied des finances publiques. Mais les nouvelles évaluations ne vont pas dans le bon sens. En 2023, l’ensemble des dépenses sociales représentaient 25,8% du PIB, selon le Comité d’étude sur le vieillissement. En 2050, elles atteindront 29,6% à cause du cout du veillissement, avant de plafonner vers les 30% en 2070.
Les projections se sont dégradées par rapport à l’année dernière, de 0,6% du PIB. Pour trois raisons :
- La révision à la baisse de la fécondité, qui passe de 1,6 enfant par femme plutôt que 1,7.
- La révision à la baisse de la croissance de la productivité (le PIB divisé par le nombre d’emplois).
- La réévaluation du comportement des futurs pensionnés face au relèvement de l’âge légal à la pension. On le sait : l’âge légal et l’âge réel ne coïncident pas toujours.
La réforme des pensions doit et va être revue
Dans ce contexte, la réforme des pensions de Karine Lalieux (PS) semble largement insuffisante. Le Comité d’étude sur le vieillissement estime qu’elle ne présentera qu’une réduction limitée du coût du vieillissement, de l’ordre de 0,3% du PIB d’ici à 2070.
Entretemps, le coût du vieillissement se sera dégradé de 4,1%. Or le coût des pensions pèse pour près de la moitié dans ce coût. Avec le coût des soins de santé, ils représentent à deux 80% des dépenses sociales.
Récemment, la Commission européenne ne s’est pas montrée très impressionnée par cette réforme de Karine Lalieux, pénalisant l’argent du plan de relance de 31 millions d’euros. Il est clair qu’une réforme des pensions plus ambitieuse sera à nouveau sur la table du prochain gouvernement. En tout cas dans la configuration d’une Arizona qui semble se dessiner. Même Vooruit est déterminé à aller plus loin.
“Mais on oublie souvent un élément, ajoute Baudouin Regout, le Commissaire au Plan. Comment peut-on booster la productivité ? Cela reste un enjeu majeur, au même titre que le taux d’emploi. La productivité ne cesse de baisser depuis les 30 glorieuses. Il faudra voir comment les choses évoluent, notamment au regard de l’intelligence artificielle”. Dans son hypothèse de travail sur le coût du vieillissement, le Comité s’est montré plutôt optimiste, avec une productivité annuelle de 1,2%. Elle n’était que de 0,9% ces dernières années. Autrement dit : le coût du vieillissement pourrait être encore sous-évalué.
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