États-Unis : le shutdown évité, mais les risques restent
Les États-Unis ont évité le shutdown avec une loi de financement provisoire. Pour le retour du plafond de la dette (largement dépassé aujourd’hui), il n’y a pas encore de solution. Les débats risquent d’être compliqués. Les risques pour l’économie mondiale et les marchés sont énormes.
Les États-Unis ne sont finalement pas tombés en shutdown. C’est-à-dire l’absence de budget pour l’année 2025. Cela forcerait de nombreuses administrations non essentielles à arrêter de fonctionner, et d’autres à fonctionner gratuitement. Les conséquences pour l’économie mondiale et américaine d’un tel événement sont souvent très graves (lire plus bas) et les chutes vertigineuses en bourse.
Le shutdown allait commencer ce samedi, faute d’accord budgétaire. Mais il n’a finalement pas eu lieu : le président Joe Biden a signé une loi de financement provisoire samedi, votée vendredi, qui court jusqu’en mars. C’est un “compromis qui financera les priorités”, explique-t-il dans un communiqué.
Trump, sa majorité théorique et le plafond de la dette
Le shutdown est donc évité, pour l’instant, mais il ne disparait pas des radars pour autant. Le (non-)vote du budget a montré de profondes divisions dans le camp républicain, majoritaire dans la Chambre et le Sénat. Un accord pour le budget avait été trouvé avec les démocrates, mais certains républicains ont voté contre, car il n’incluait pas les demandes de Trump sur une suspension de la limite de la dette. D’autres républicains ont ensuite voté contre une autre proposition (républicaine), qui comprenait une suspension de la limite pendant deux ans.
En bref : les républicains ont beau avoir la majorité. Cela ne veut pour autant pas dire que toutes les lois seront votées à l’unanimité. La majorité n’est pas large et certains désaccords peuvent ainsi tout bloquer. Ce qui pose question pour le prochain vote du budget. Et le mois de mars arrivera vite.
Il faudra aussi, et surtout, trouver une solution à ce problème de limite de la dette. Après une période de suspension, elle entrera de nouveau en vigueur en janvier 2025. Elle est de 31.400 milliards de dollars… alors que la dette est de 36.168 milliards de dollars. Avec le retour de cette limite, Washington “pourrait être sans possibilité d’emprunter de quoi rembourser des obligations à maturité ou de payer des intérêts sur ses dettes”, met en garde l’économiste de l’IESEG School Management (Lille et Paris), Eric Dor, dans un rapport.
Conséquences économiques
L’incertitude n’est donc pas dissipée. Et les conséquences d’un shutdown ou d’un retour du plafond de la dette sont néfastes pour l’économie mondiale. Pour le premier, Eric Dor note, entre autres : la diminution du PIB et du chiffre des entreprises sous contrat pour l’Etat, hausse des taux sur les obligations (avec aggravation de la crise de l’immobilier), chute des cours en bourse, dépréciation du dollar et baisse de confiance des consommateurs et des entreprises. Ailleurs qu’aux États-Unis, il faudrait également envisager une hausse des taux obligataires et une “hausse de l’instabilité géopolitique qui déprimerait l’investissement et donc la croissance”.
Pour le second, il note : une dégradation des obligations américaines et de l’ensemble de la dette publique US. Les taux obligataires sur le marché exploseraient et pousseraient le pays dans la récession. La valeur des obligations, réputées sûres, s’effondrerait, mettant en péril les banques, fonds de pension, fonds de placement, etc., tout comme les personnes ou organismes qui les utilisent en collatéral pour un prêt. Ce qui pourrait créer une réaction en chaine menant à des faillites dans le secteur financier et bancaire et à une “nouvelle crise financière globale”, avertit l’économiste. Le dollar chuterait quant à lui fortement.
Lire aussi | Fin du shutdown, opportunité d’investissement ?
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici