Etats-Unis: la Fed commence à réduire son soutien monétaire à l’économie
La Banque centrale américaine a lancé la réduction du soutien monétaire qu’elle apportait à l’économie depuis le début de la crise, notant que l’activité et l’emploi “ont continué à se renforcer”, et face à une inflation “élevée”.
La Réserve fédérale américaine (Fed) va commencer dès novembre à ralentir ses achats d’actifs. De 120 milliards de dollars par mois actuellement, ils seront réduits de 15 milliards chaque mois, jusqu’à être ramenés à zéro. Ces injections de liquidités dans le système financier ont permis d’éviter qu’une crise financière ne vienne se superposer à la crise économique liée au Covid-19.
Dans le détail, la Fed achètera chaque mois 10 milliards de dollars de bons du Trésor de moins que le mois précédent, et 5 milliards pour les MBS, des produits financiers adossés à des prêts immobiliers, selon un communiqué publié à l’issue de la réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC).
A ce rythme, la Fed cesserait tout achat d’actifs mi-juin 2022. Mais elle se dit prête à l’ajuster “si cela est justifié par l’évolution des perspectives économiques”. Autrement dit, si l’inflation reste trop élevée, le rythme de réduction d’achats d’actifs sera accéléré. Car les responsables de l’institution veulent avoir achevé cette première étape, avant de commencer à relever les taux directeurs, ce qui freinera la demande, et fera donc ralentir la hausse des prix.
“Nous pouvons patienter”
La Fed a ainsi, sans surprise, maintenu ses taux directeurs dans la fourchette de 0 à 0,25% dans laquelle ils avaient été abaissés en mars 2020 au moment où la pandémie se propageait aux Etats-Unis, provoquant une ralentissement historique. “Nous ne pensons pas que ce soit le bon moment pour augmenter les taux d’intérêt parce que nous voulons voir le marché du travail se rétablir davantage”, a commenté le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse. “Nous pensons que nous pouvons patienter”, a-t-il ajouté, tout en soulignant que l’institution n’hésiterait pas à les relever si la situation l’imposait.
La reprise économique américaine a en effet souffert du variant Delta du Covid-19, qui a fait grimper les cas de contamination et entamé la confiance des consommateurs à retourner au restaurant, prendre l’avion, ou encore aller au cinéma, par exemple. Par ailleurs, l’activité est toujours ralentie par les difficultés mondiales d’approvisionnement et des candidats trop peu nombreux pour pourvoir les postes vacants, ce qui empêche les entreprises de tourner à plein régime, et fait grimper les prix.
“L’inflation est plus forte que prévu”, a reconnu Jerome Powell. Cette situation inédite a pris de court les prévisionnistes: “les goulets d’étranglement sont plus persistants et plus répandus” et devraient “durer jusqu’à l’année prochaine. (…) Nous ne nous y attendions pas, pas plus que d’autres économistes”, a reconnu le président de la Fed.
Nouveau mandat de quatre ans ?
Mais cela reflète “en grande partie des facteurs qui devraient être transitoires”, a estimé la puissante institution. La hausse des prix a accéléré en septembre sur un an, à 4,4% au plus haut depuis 1991, mais elle est restée stable sur un mois, à 0,3%, selon l’indice PCE.
Face à une poussée inflationniste qui touche une large partie de la planète, liée aux goulets d’étranglement sur la chaîne d’approvisionnement, certaines Banques centrales ont déjà relevé leurs taux : la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Brésil, la Pologne, etc. L’Angleterre pourrait aussi passer le cap jeudi. La Banque du Canada pourrait y avoir recours plus tôt que prévu, au deuxième ou troisième trimestre 2022. En revanche, la Banque centrale européenne (BCE) n’envisage pas d’y toucher avant 2023, estimant que, malgré la poussée inflationniste actuelle, les perspectives “à moyen terme restent modestes”.
Par ailleurs, Jerome Powell, dont le mandat de quatre ans à la tête de la Fed expire en février, a simplement dit avoir “informé en détail les responsables de l’administration et les élus du Congrès de ce que nous avons fait et pourquoi nous l’avons fait”. Il revient à la Maison Blanche de le renommer ou de choisir un autre gouverneur de l’institution pour le remplacer, avant une confirmation du Congrès. Joe Biden avait assuré mardi qu’il annoncerait “assez rapidement” sa décision.
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