En regardant trop à gauche, le PS et Ecolo ont perdu beaucoup d’électeurs sur leur droite
Une large étude des principales universités belges s’est intéressée aux transferts de voix durant les élections législatives du mois de juin. Alors que le PS et Ecolo craignaient le PTB, le transfert de voix vers la gauche radicale n’a pas eu lieu. Par contre, les deux partis ont perdu beaucoup de voix en faveur des Engagés et du MR.
L’étude menée par l’ULB, la VUB, l’UCL, la KUL, l’UNamur, l’UGent et l’UAntwerp s’est intéressée à trois moments précis. À savoir le comportement de l’électorat avant les élections, pendant la campagne et après la campagne électorale.
Le premier constat est une grande volatilité : entre 2019 et 2024, 44% des électeurs wallons ont changé de parti. C’est Ecolo qui a vu le plus de ses électeurs de 2019 s’enfuire (60%), suivi par le PTB (50%). Au PS (34%), au MR (31%) et chez les Engagés (30%), les départs ont été relativement importants mais plus contenus.
À l’inverse, les Engagés ont accueilli 75% de nouveaux électeurs, suivi par le PTB (50%) et le MR (45%). Ecolo et le PS ici scorent très peu, avec à peine 29% et 28% de nouveaux votants.
Bref, Ecolo a perdu sur les deux tableaux, le PS n’est pas parvenu à convaincre les non-convaincus.
Le MR pique au PS, Les Engagés partout
Le transfert des voix d’un parti à l’autre est plus étonnant. Alors que le PS craignait un transfert vers sa gauche, au PTB, il n’a quasiment pas eu lieu. C’est le MR qui a principalement recruté au PS. Notamment dans les provinces du Hainaut et de Liège, deux bastions socialistes. En ciblant le parti de Raoul Hedebouw, Paul Magnette a peut-être évité la saignée vers la gauche radicale, mais il a perdu davantage sur sa droite, chez les Engagés et au MR, tout en convainquant peu de monde au PTB.
Du côté d’Ecolo, une majorité des électeurs de 2019 s’est également tournée vers Les Engagés, puis vers le PS et ensuite le MR. Ici, le transfert de voix vers le PTB n’a pas du tout eu lieu, l’inverse est aussi vrai.
Chez les Engagés, le plus gros des nouvelles voix est venu du MR. Il s’agit même du plus gros transfert de voix du côté francophone. Étonnant ? Pas tellement. Le discours clivant et plus à droite du président du MR, Georges-Louis Bouchez, visait à aller chercher ce qu’il appelait “la droite camping car”. Il l’a sans doute obtenue au détriment d’une droite sociale dans laquelle s’est inscrit le parti de Maximue Prévot (Les Engagés), symbolisée par le transfert de Jean-Luc Crucke.
Par contre, le MR est allé chercher des voix chez les anciens électeurs du Parti populaire, chez les primo-votants et du côté des indécis et des abstentionnistes.
Jusqu’au dernier moment
Ces deux dernières catégories étaient d’ailleurs bien plus présentes du côté francophone que du côté flamand : 36% des sondés. Les indécis semblent avoir joué un rôle déterminant durant la campagne électorale. Ce n’est pas un hasard si les deux gagnants des élections du côté francophone – Les Engagés et le MR – sont aussi les deux partis qui ont convaincu le plus d’électeurs indécis, en poursuivant leur travail dans les toutes dernières semaines, selon l’étude.
En Flandre, la N-VA a été l’attrape-voix de dernière minute. L’étude montre, qu’au mois de janvier, le Vlaams Belang était toujours en tête, mais que la campagne électorale a fait la différence. Une campagne marquée par la décision de Bart De Wever de ne pas gouverner avec le Belang, après avoir entretenu le flou pendant longtemps. L’autre élément qui a marqué la campagne en Flandre est la position du VB vis-à-vis des LGTBQIA+. “Pour moi, Petra De Sutter est biologiquement un homme“, avait notamment déclaré le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, à l’encontre de la vice-première ministre de Groen. L’étude se demande si ces deux éléments ont été des points de bascule durant la campagne, sans y répondre.
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