Easy’green: accompagner les entreprises dans l’éco-transition
Lancé en 2017 par la Sowalfin, via son pôle éco-transition, le dispositif Easy’green sensibilise, accompagne et finance les TPE et PME dans leur transition énergétique et la diminution des émissions de CO2. Illustration avec les Etablissements Ménart basés à Dour.
C’est dans le cadre du développement durable, et plus précisément de l’éco-transition, que la Société wallonne de financement et de garantie des petites et moyennes entreprises (Sowalfin) a lancé fin 2017 Easy’green. Ce dispositif s’inscrit dorénavant dans sa mission qui dépasse son rôle initial de financement des entreprises. Si elle demeure toujours et d’abord le partenaire financier des TPE et PME, la Sowalfin a considérablement élargi ces dernières années la palette des services qu’elle propose aux entreprises wallonnes. Elle a ainsi développé différents produits et services afin de mieux répondre à leurs besoins tels que micro-crédit, soutien à l’innovation, accompagnement de la transition énergétique, sensibilisation à la transmission d’entreprise, etc. Sans oublier le numéro d’appel 1890 (www.1890.be) qui se positionne comme le portail d’entrée régional d’information et d’orientation pour les entrepreneurs wallons. Un guichet unique qui se révèle plus que jamais indispensable dans cette crise sanitaire et qui apporte non seulement de l’information mais aussi du réconfort aux entrepreneurs.
Sensibilisation, accompagnement et financement
Dans le périmètre des activités de la Sowalfin, le développement durable a pris de plus en plus d’importance ces dernières années. Cette évolution trouve sa place dans un contexte plus global où l’environnement est devenu l’une des priorités, si pas la priorité, des institutions nationales et internationales. Un contexte changeant dans lequel naviguent les entreprises sans nécessairement savoir quelles sont ou seront demain leurs obligations. Car au-delà des objectifs fixés par l’Union européenne, le Fédéral et/ou les Régions notamment en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ou production croissante d’énergies renouvelables, d’autres impositions pointent à l’horizon comme, par exemple, la réduction progressive des gaz fluorés dans les installations de froid. Autant dire qu’il y a du pain sur la planche pour les entreprises, quelle que soit leur taille. Si les grandes entreprises disposent en règle générale en interne des ressources tant humaines que financières pour mener à bien cette transition écologique, c’est loin d’être le cas pour les TPE et PME dont la plupart ont souvent d’autres chats à fouetter et reportent à plus tard les investissements nécessaires. Sans oublier les entreprises, et elles sont plus nombreuses qu’on ne le croit, qui ne sont pas correctement informées. C’est ici qu’intervient le pôle Eco-Transition de la Sowalfin, avec Easy’Green.
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“Nous abordons toute une série de thématiques liées au développement durable, dont l’optimisation énergétique, la réduction du CO2 et le développement des énergies renouvelables, explique Véronique Léonard, responsable de ce pôle. Dans le cadre d’Easy’green, nous soutenons des projets concrets qui touchent l’énergie mais également l’eau et plus largement l’éco-innovation dont l’économie circulaire. Notre mission vise à sensibiliser, accompagner et financer les entreprises dans cette démarche d’éco-transition. Elles entreprennent cette dernière pour trois raisons. D’abord, par souci d’économie avec une réduction de leurs coûts à la clé. Ensuite, par l’obligation d’une mise en conformité. Enfin, par la mise en place de mesures souvent curatives. En ce qui concerne la mise en conformité, nous avons un bon exemple avec le froid. Une législation évolutive amène la plupart des entreprises à devoir remplacer leurs équipements et installations de froid. Cela touche énormément d’entreprises actives dans l’agroalimentaire, la distribution, le transport ou encore le pharmaceutique. Et cela peut représenter des coûts considérables. Pour un supermarché d’une superficie de 800 m2, par exemple, le budget peut osciller entre 400.000 et 600.000 euros. Avec Easy’green, nous facilitons et finançons les projets liés aux modifications ou remplacement des installations aux gaz fluorés de nos PME pour des technologies plus durables.”
Avantage écologique et économique
Même s’ils n’ont pas tous encore pris pleinement conscience des enjeux environnementaux, les responsables d’entreprise ressentent de plus en plus les “pressions” qu’elles soient légales ou qu’elles proviennent de leurs clients. Toutefois, prise de conscience n’implique pas automatiquement passage à l’acte. Des obstacles ou blocages subsistent et la transition écologique est encore trop souvent perçue au sein de nombre de sociétés comme une contrainte et un coût plutôt qu’une opportunité. “Or, les investissements consentis dans ce cadre vont permettre d’améliorer la rentabilité, la compétitivité et la résilience des entreprises, enchaîne Véronique Léonard. L’avantage qu’elles en retirent au final n’est pas qu’écologique, il est également économique.” Mais avant d’entamer toute transformation, il convient idéalement de poser un diagnostic afin d’évaluer la situation de l’entreprise et lui faire prendre du recul pour établir un plan d’actions cohérent. L’entreprise a la possibilité de réaliser via le réseau des référents bas carbone un diagnostic. “Il s’agit bien d’un diagnostic et pas d’un audit, précise la responsable. En fonction de ce que l’entreprise décidera, un plan d’action est élaboré. Nous pouvons aussi les renvoyer vers une expertise privée.”
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Ces trois dernières années, le pôle Eco-Transition a effectué plus de 500 présentations publiques. Il s’appuie en outre sur une dizaine de référents bas carbone qui ont permis de comptabiliser la réalisation d’une centaine de diagnostics. Au total, il a traité plus de 300 demandes de financement et a apporté son soutien à 286 entreprises pour un financement global de l’ordre de 52 millions d’euros de la part de la Sowalfin (soit 235 millions investis au total). En termes de transition énergétique, cela se traduit notamment par, d’une part, 23 MW installés d’énergie renouvelable, et d’autre part, par une réduction annuelle de plus de 36.000 tonnes de CO2. “L’année dernière, nous avons eu une augmentation de 13% des demandes, note Véronique Léonard. Avec la crise sanitaire, certaines entreprises ont eu du temps pour réfléchir à ces thématiques environnementales et à réfléchir à des transformations ou aménagements divers. Par exemple l’isolation, le changement de l’éclairage, l’installation d’un nouveau système de chauffage, etc.”
286 entreprises : nombre de sociétés auxquelles le pôle Eco-Transition de la Sowalfin a apporté son soutien ces trois dernières années, pour un financement global de l’ordre de 52 millions d’euros.
Porte d’entrée solaire
Si le temps “libéré” par la crise actuelle a permis à certaines entreprises de lever le nez du guidon et de repenser leur vélo, d’autres sont depuis longtemps impliquées dans la transition écologique. C’est le cas des Etablissements Ménart. Installée dans le parc d’activités de Dour Belle-Vue, l’entreprise familiale qui célèbre cette année ses 60 ans est spécialisée dans la conception et la construction de matériel de compostage et de traitement des déchets pour la préservation de l’environnement. Elle exporte ses équipements destinés à la valorisation des déchets organiques partout à travers le monde. On les retrouve ainsi dans une bonne soixantaine de pays sur les cinq continents.
Ménart n’a pas attendu que le terme d’économie circulaire soit popularisé pour s’y adonner. Dès les années 1980, ses premiers broyeurs ont répondu à la demande croissante de recyclage de déchets verts. Aujourd’hui, du broyage au tamisage en passant par le mélange, Ménart maîtrise l’ensemble du processus de compostage. Implantée depuis 10 ans à Dour – elle était auparavant à Tournai -, l’entreprise occupe un bâtiment passif. Et ici aussi, elle figure parmi les pionnières. Et last but not least, le bâtiment est équipé de panneaux photovoltaïques.
“Nous avions imaginé dès la construction du bâtiment d’installer des panneaux solaires, explique Bérengère Ménart, gérante de Ménart. Mais à l’époque, cela nous avait été déconseillé à cause des vibrations causées par les ponts roulants que nous utilisons et qui pouvaient occasionner des dommages aux panneaux. Avec le concours de l’intercommunale Idea, une étude de faisabilité a été réalisée il y a deux ans. Et tout s’est enclenché rapidement avec le soutien de l’IMBC (Invest Mons Borinage Centre) pour la construction du bâtiment et d’Easy’green pour l’installation photovoltaïque. Pas moins de 925 panneaux ont été installés et sont actifs depuis un an et demi. A terme, nous songeons à la possibilité d’installer également une éolienne à axe vertical.” Les panneaux qui s’étendent sur le toit de l’entreprise ont déjà contribué à réduire de moitié sa facture d’électricité. “En ce qui concerne la transition écologique, le photovoltaïque est souvent une porte d’entrée dans les PME, ajoute Véronique Léonard. L’entreprise voit rapidement les résultats dans ses comptes. On peut ensuite, en fonction des secteurs dans lesquels elles évoluent, aborder d’autres thématiques telles que l’économie circulaire, par exemple.”
Nouvelles générations
Pour Bérengère Ménart, “c’est la volonté du dirigeant qui impulse le changement. J’ai en outre l’impression que les nouvelles générations sont plus sensibilisées aux enjeux environnementaux”. Avec ses activités, l’entreprise Ménart est naturellement concernée au premier plan par l’éco-transition mais il semble évident que l’importance de celle-ci percole de plus en plus dans l’esprit des responsables de TPE et PME. La transition est en route, il n’est plus possible de l’arrêter et encore moins de revenir en arrière. Mais pour les entreprises, elle doit s’effectuer progressivement, étape par étape. C’est surtout vrai pour les petites et moyennes sociétés. “Il est très important qu’elles sachent que le dispositif Easy’green s’adresse à elles. Nous sommes là pour les accompagner dans cette transition écologique et les aider à la réussir. Les technologies existent et s’améliorent continuellement. Et surtout, il ne faut pas cesser de rappeler que la transition écologique, c’est rentable”, conclut Véronique Léonard.
Plus d’infos sur www.novallia.be
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