Des taux plus élevés, plus longtemps

Christine Lagarde (BCE), en discussion avec Kazuo Ueda (Banque du Japon) et Jerome Powell (Federal Reserve) à Jackson Hole, Wyoming. © getty Images
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

L’inflation résiste et les taux peuvent encore monter. Tel est le message viril envoyé par les banquiers centraux réunis voici quelques jours à Jackson Hole.

Mauvaise nouvelle pour les chefs d’entreprise du pays qui s’inquiètent de voir la hausse des taux d’intérêt renchérir le crédit bancaire et ralentir la conduite des affaires: l’inflation n’est pas totalement domptée et les taux peuvent encore monter.

Voilà ce qu’il faut retenir de la dernière réunion de Jackson Hole, station de ski des montagnes Rocheuses située dans l’Etat du Wyoming, aux Etats-Unis, où comme chaque année à la fin du mois d’août, se sont retrouvés les principaux gouverneurs de banques centrales du monde entier.

Leur obsession reste en effet l’inflation. Même si la flambée des prix des derniers mois s’est un peu calmée, Jerome Powell, le patron de la Fed, qui a relevé ses taux de 5,25% depuis début 2022, a indiqué que les efforts pour ramener l’inflation à 2% n’étaient pas terminés. “Nous sommes prêts à encore augmenter les taux si nécessaire.” Une analyse partagée par Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), qui a elle aussi insisté sur la nécessité de ramener l’inflation dans la zone euro à l’objectif de 2% à moyen terme, laissant ainsi penser qu’une nouvelle hausse des taux pourrait être décidée en septembre.

Ne pas lâcher la bride

Comment, du reste, interpréter ce message viril délivré par Powell et consorts? Eux qui se sont montrés convaincus qu’il n’y avait pas d’inflation alors qu’elle était déjà bien là, ensuite qu’elle était temporaire alors qu’elle serait clairement durable, et qu’aujourd’hui l’inflation des prix va encore nous compliquer la vie longtemps et que cet objectif de 2% restait le graal à atteindre… Ne sont-ils pas en train de se tromper une troisième fois? Non, estime Bernard Keppenne, économiste en chef à la banque CBC, pour qui les banques centrales ont raison de s’inquiéter.

Pourquoi? “Parce que le marché de l’emploi aux Etats-Unis, comme en Europe, reste toujours tendu, la hausse des salaires se faisant sentir plus spécifiquement dans le secteur des services. Par ailleurs, la relocalisation aura inéluctablement un coût qui pourrait se révéler inflationniste”, estime l’économiste. Selon lui, l’inflation semble durablement installée dans les économies et nous ne reviendrons pas au niveau d’avant-covid. Voilà les ménages du pays et nos chefs d’entreprise prévenus.

“Les taux vont rester hauts plus longtemps que prévu il y a quelques mois, expose Bernard Keppenne. Le message des banques centrales est très clair et elles veulent bien le faire comprendre. Leurs craintes sont justifiées. On le voit: de part et d’autre de l’Atlantique, elles ne peuvent plus trop augmenter les taux au risque de casser la machine économique, mais elles ne peuvent pas non plus relâcher la pression au risque de voir l’inflation repartir. C’est ce qui explique qu’elles tiennent un discours sans concession”. Pas question de lâcher la bride, en somme. Même si celle-ci n’est pour ainsi dire que psychologique.

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