De Croo et les “propositions insensées” des autres partis

Alexander De Croo © Belga

Le Premier ministre Alexander De Croo s’est montré offensif lors de son discours à la veille du 1er mai, s’en prenant aux “propositions insensées” des autres partis, y compris ses partenaires de majorité. Vooruit prédit lui “des temps difficiles” après les élections

Le Premier ministre Alexander De Croo s’est montré offensif lors de son discours à la veille du 1er mai, s’en prenant aux “propositions insensées” des autres partis, y compris ses partenaires de majorité. “Tout le monde sait que nous sommes le vrai parti de ceux qui travaillent”, a-t-il lancé face aux libéraux flamands réunis à Blankenberge.

La proposition du PS d’une semaine de travail réduite à 32 heures ? “Alors que 200.000 emplois cherchent des candidats !”, s’exclame le Premier ministre, affirmant que les entrepreneurs et PME souffriraient d’une telle mesure. “Et les Verts aussi, trouvent que l’on devrait travailler moins. Ils veulent donner du crédit-temps sans motivation, pour que les gens puissent un peu découvrir le monde. Qui paiera ? Le contribuable”, accuse-t-il.

La N-VA est quant à elle attaquée sur sa proposition de construire une prison au Kosovo, pour les détenus sans permis de séjour. “Une idée piquée au Danemark, qui a déjà couté 210 millions d’euros sans qu’un seul détenu ne soit encore parti vers le Kosovo”. Le CD&V n’est pas non plus épargné, accusé de vouloir davantage taxer “l’épargne” via un cadastre des fortunes.

L’Open Vld se profile comme le parti qui a fait ses devoirs

L’Open Vld se profile comme le parti du sérieux, celui qui a fait ses devoirs. “Nous sommes le seul parti à avancer un plan de croissance, chiffré et avec une direction claire. On attend les chiffres des autres. Mais ils sont fortement occupés à donner des interviews croisées et à projeter des coalitions”. Les libéraux flamands ont déjà mis au centre de leur campagne l’idée qu’il faut au moins un écart de 500 euros de revenu entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas. Une idée “reprise entre-temps par d’autres partis”, assure De Croo. Les libéraux vont donc plus loin : la différence doit également se faire sentir à la pension, a répété le Premier ministre. “Que des sans-emploi aient parfois une pension aussi élevée que ceux qui ont toujours travaillé, c’est tout simplement injuste”.

Vooruit prédit lui “des temps difficiles” après les élections

“Après ces élections, des temps difficiles s’annoncent, aussi sur le plan budgétaire. Il faudra donc faire des choix difficiles”, a prévenu la présidente de Vooruit, Melissa Depraetere, à la veille du 1er mai. Dans la salle gantoise où se réunissaient les socialistes flamands mardi soir, l’ex-“golden boy” du parti Conner Rousseau était bien présent, pour un petit quart d’heure, mais il n’est pas monté sur le podium.

la présidente de Vooruit, Melissa Depraetere

Melissa Depraetere, Paul Callewaert (secrétaire général flamand de Solidaris) et Miranda Ulens (secrétaire générale de la FGTB) se sont exprimés. La première a donné le ton pour ce 1er mai de campagne électorale, une campagne que Vooruit veut proche des gens : “nous nous battons pour des choses ordinaires : un arrêt de bus dans le quartier, des salaires et pensions décents, le meilleur enseignement”. Mais aussi réaliste : “Les guerres se poursuivent et nous devons régler notre budget pour assurer l’avenir de nos enfants. Il faudra faire des choix très difficiles”.

Un salaire minimum de 2500 euros

Parmi les propositions phares, celle d’un “salaire minimum” de 2.500 euros brut ou 15 euros par heure. “On n’entrera pas dans un gouvernement sans hausse des salaires”, lance Melissa Depraetere. Une réforme fiscale s’impose, estime-t-elle. Elle aurait déjà dû avoir lieu, mais “elle a été torpillée par les libéraux”. En revanche, les nationalistes flamands seraient un partenaire intéressant dans cette optique, a constaté la jeune présidente de parti. Au niveau flamand, la N-VA sera de toute manière incontournable, ajoute-t-elle : “un gouvernement flamand sans le Vlaams Belang ou la N-VA, ce n’est tout simplement pas réaliste”. Vooruit se garde d’ailleurs bien de critiquer la N-VA sur un point-phare de son programme, un point qui divise les deux partis : la nécessité d’une grande réforme de l’État, une des ambitions des nationalistes flamands. Il n’y a que l’extrême-droite qui en prend réellement pour son grade à ce sujet. “Elle promet le paradis sur terre, sans dire que cela passe d’abord par l’enfer. Ils veulent séparer le pays, ce qui provoquerait des années de blocage, pour ensuite construire un mur autour de la Flandre, ce qui est impossible. Et quand toutes ces choses impossibles auront été réalisées, ils réfléchiront aux problèmes des gens”.

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