Perspectives économiques et financières : l’Europe a tout pour devenir “le maillon faible” de 2025

Olaf Scholz et Emmanuel Macron - RALF HIRSCHBERGER / AFP/Belga Image
Baptiste Lambert

On aimerait éviter le piège du pessimisme ambiant. Mais les indicateurs ne sont pas au beau fixe en Europe. ING Belgique le confirme à son tour dans ses perspectives économiques et financières pour 2025.

Selon Peter Vanden Houte, économiste en chef d’ING Belgique, “2025 sera une année plus difficile sur le plan économique, la croissance ne se redressant pas vraiment et la tendance à la désinflation étant à bout de souffle“. Pour l’économiste, l’Europe sera “le maillon faible” de l’économie mondiale. “Le malaise de l’industrie ne semble pas près de s’arrêter et commence à se traduire par un refroidissement du marché de l’emploi”, ce qui conduira l’économie européenne “vers une stagnation hivernale”.

Les motifs d’espoir ne sont pas légions. Les consommateurs européens devraient disposer d’un meilleur pouvoir d’achat, au vu des dernières négociations salariales un peu partout dans le bloc européen, mais un marché du travail moins solide que prévu les poussera sans doute à épargner. Du côté des entreprises, ING Belgique ne s’attend pas à voir les investissements rebondir.

En bout de course, la croissance de la zone euro devrait être à peine de 0,7% en 2025, soit le même taux que 2024. Le moteur franco-allemand est et sera probablement en grande difficulté, reléguant les bonnes performances des pays du sud de l’Europe au second plan.

La Belgique, elle, rentrera dans le rang. Après trois années au-dessus de la moyenne européenne, sa croissance retrouvera le niveau moyen. En cause, les dépenses publiques, qui devraient faire l’objet d’un sérieux coup de vis.

Inflation

Au niveau de l’inflation, on nage en plein contraste. L’Europe fait face à une désinflation qui ralentit : les produits alimentaires et les prix de l’énergie repartent à la hausse. A priori, rien de bon pour la baisse des taux d’intérêt. Sauf que la croissance est tellement molle que la poursuite des baisses des taux semble probable. En tout cas plus probable qu’aux États-Unis. “Mais un retour aux taux d’intérêt bas, voire négatifs, d’il y a quelques années, parait exclu“, soutient Peter Vanden Houte.

Aux États-Unis, la croissance américaine ralentit tout comme le marché du travail se refroidit. Cela aurait donc dû pousser la Fed à poursuivre ses baisses de taux d’intérêt. Mais l’arrivée de Donald Trump annonce plus que probablement une hausse des tarifs douaniers, ce qui est clairement inflationniste, tout comme pourrait l’être un ralentissement de l’immigration. Au bout du compte, la croissance se maintenant à 2% en 2025, le maintien de la baisse des taux y est moins probable qu’en Europe.

Par ailleurs, une poche providentielle de croissance ne doit pas être attendue de la part de la Chine. Le géant asiatique reste plombé par une demande intérieure en berne. Son plan de relance n’y change rien. Et les exportations chinoises, en bonne forme, risquent d’être plombées par l’arrivée de Donald Trump. Bref, la croissance chinoise devrait être de l’ordre de 4,8% en 2025, contre 5% en 2024.

Marchés

Les marchés naviguent donc à vue. Ils sont baladés entre le ralentissement de la croissance et la perspective de baisses des taux d’intérêt. « 2024 a été l’année de l’atterrissage en douceur. 2025 pourrait jeter un doute sur la poursuite de ce scénario et la tendance pour les marchés financiers est moins claire », confirme l’économiste en chef chez ING Belgique.

Malgré des baisses de taux moins probables aux USA, c’est Wall Street qui devrait à nouveau tirer son épingle du jeu. “Le S&P 500 devrait, selon le consensus du marché, se distinguer en 2025 avec une croissance bénéficiaire attendue (13%) quasi deux fois supérieure à celle en Europe (6,8%) !”, écrit Steven Vandepitte, investment strategist chez ING Belgique. Et ce, “même si les actions américaines se traitent à des niveaux de valorisation assez élevés (à 25,5 fois leurs bénéfices attendus).”

Au-delà de cet aspect régional, les actions de croissance et à duration élevée devraient continuer à bénéficier de la baisse des taux d’intérêt. Steven Vandepitte songe bien sûr aux technologies et services de communication, mais aussi aux actions liées à l’immobilier qui ont beaucoup souffert. Le spécialiste voit également une bonne marge de progression pour les actions à petite capitalisation (small et mid caps) qui ont largement sous-performé ces deux dernières années (-17%). Enfin, l’or reste à privilégier tout comme les obligations, mais pour les titres émis par les entreprises plutôt que par les États.

“La feuille de route des investisseurs, qui se résume essentiellement en trois points (croissance bénéficiaire, élargissement du rallye boursier et baisse des taux directeurs), devrait rester globalement favorable aux actifs à risque”, conclut l’expert d’ING.

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