Critiques sur la liste des secteurs “essentiels” et des patrons qui “ne jouent pas le jeu”

Robert Vertenueil © belgaimage

Robert Vertenueil, président de la FGTB, et Raoul Hedebouw, porte-parole et député du PTB, ont tous deux exprimé mercredi matin en radio leur incompréhension face à une liste de secteurs “essentiels” jugée très (trop) étendue, et leur regret que certains employeurs ne semblent pas vouloir tenir compte des consignes de distanciation sociale pour éviter les risques de contamination entre travailleurs.

Les deux hommes affirment recevoir de nombreux témoignages de travailleurs dont l’entreprise continue de tourner, sans avoir mis en place de mesures spéciales pour protéger leur santé (distanciation sociale à tout moment, possibilité de se laver les mains, consignes de précaution, etc.).

La semaine dernière, le Conseil national de sécurité a décidé de relever d’un cran les mesures de confinement et de limitation des déplacements et des contacts entre personnes. Les entreprises non-essentielles sont désormais obligées d’instaurer le télétravail pour les fonctions qui s’y prêtent, et de veiller pour les autres à maintenir une distanciation sociale suffisante (1,5m au moins entre personnes). Si cela n’est pas possible, l’entreprise doit fermer.

Parallèlement, une liste de secteurs et services essentiels à la population et à la Nation a été établie, qui se retrouve en annexe d’un arrêté ministériel publié mercredi dernier. Ces services et entreprises doivent faire de leur mieux mais ne sont pas tenus par les obligations énoncées. La liste est plutôt large, allant des services postaux à l’industrie chimique en passant par les hôtels.

Aussi bien Raoul Hedebouw, interrogé sur Bel RTL, que Robert Vertenueil, sur La Première, y voient la patte du lobby patronal. La liste a été établie sans consulter les syndicats, regrette le second, qui pense que cela aurait pourtant permis d'”affiner” au sein de certains secteurs. “Dans la chimie, si la production de médicaments est évidemment essentielle, je ne suis pas sûr que la production de chaises en plastique ou de compléments alimentaires pour bodybuilders soit essentielle à la Nation”, résume le président de la FGTB. “Malheureusement, quand on prend contact avec la fédération patronale de la chimie en commission paritaire, avec des propositions précises pour détecter les entreprises prioritaires, ils refusent même d’entamer le dialogue”.

Le vrai problème est cependant le constat que “certains patrons” ne font pas l’effort de mettre en place des conditions de travail protégeant la santé des travailleurs, en ces temps de coronavirus. “Ma boîte mail explose de témoignages de travailleurs qui disent ne pas pouvoir travailler dans des conditions sécures, dans le respect du ‘social distancing'”, explique Raoul Hedebouw.

“Il y a clairement des difficultés sur le terrain, des employeurs qui ne jouent pas le jeu”, confirme de son côté Robert Vertenueil, évoquant par exemple des ouvriers “les uns sur les autres dans l’usine”, ou qui doivent se changer dans un même vestiaire. “Les gens deviennent nerveux”, avertit-il, alors qu’il réunit mercredi matin les présidents des centrales pour évoquer cette réalité de terrain.

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