Crise du coronavirus: quand l’administration peut aussi être “agile”
Crise du coronavirus oblige, les services de l’Onem et de l’Inasti accomplissent un formidable boulot pour débloquer rapidement les aides temporaires à des centaines de milliers de travailleurs.
L’an dernier, l’Onem a enregistré 99.000 demandes de chômage temporaire. En ce mois de mars 2020, le chiffre risque d’être multiplié par 10, tant l’épidémie de coronavirus force nombre de services et d’entreprises à l’arrêt. Comment gérer un tel afflux, qui plus est quand l’essentiel des 3.000 employés sont en télétravail ? L’administration semble avoir relevé le défi avec flegme et sens de l’organisation. ” Tous les agents se sont investis pour réussir l’opération, ils montrent une très grande loyauté “, explique Joëlle Grunspan, du service communication de l’Onem. Il y a eu des volontaires pour actualiser le site internet plusieurs fois par jour, y compris les week-ends, pour appuyer les collègues des call-centers, débordés par les milliers d’appels, et répondre aux questions envoyées via les réseaux sociaux.
Nous comptons sur la bienveillance et l’honnêteté des employeurs et des travailleurs. ” – Joëlle Grunspan, service communication de l’Onem
En quelques jours, l’administration a élaboré des formulaires simplifiés afin d’accélérer les démarches d’indemnisation des travailleurs non occupés. Et tant pis si quelques personnes mal intentionnées profitent de cette simplification, de ces procédures moins tatillonnes pour tenter de se faufiler. ” La priorité n’est pas au contrôle mais à la volonté de verser l’allocation temporaire à ceux qui en ont besoin, poursuit Joëlle Grunspan. Nous comptons sur la bienveillance et l’honnêteté des employeurs et des travailleurs. ” Rassurez-vous, ce n’est pas opération portes ouvertes pour autant : pour qu’un travailleur puisse introduire sa demande, il faut que son employeur se soit dûment identifié au préalable sur le portail de l’Onem. ” Ce n’est pas une démarche anodine “, précise notre interlocutrice.
La confiance avant les procédures
L’ampleur de l’épidémie a bousculé le fonctionnement de l’administration mais aussi les réactions des usagers. ” Nous sommes assaillis de coups de téléphone, confie Marie-Christine Lefebvre, directrice du bureau régional Hainaut de l’Inasti (sécurité sociale des indépendants). Mais je n’ai entendu aucune réaction agressive. Les gens sont calmes et ils nous remercient tout le temps. Ils veulent savoir ce qu’ils peuvent et ce qu’ils doivent faire. Nous sommes du côté des ‘droits et devoirs’ de chacun, pas dans les coups de gueule. ”
L’Inasti verse les ” droits passerelle ” qui remplacent les allocations de chômage pour les travailleurs indépendants obligés de cesser temporairement leur activité. D’ordinaire, cela se limite à quelques centaines de personnes chaque année. Cette fois, on devra parler en dizaines de milliers de personnes car les conditions d’octroi sont assouplies afin que les indépendants, dont le chiffre d’affaires a été brutalement ramené à zéro, soient payés le plus rapidement possible. Le régime est également accessible aux starters, alors que, normalement, il faut quatre trimestres de cotisation pour pouvoir bénéficier du droit passerelle.
” Les travailleurs avec personne à charge reçoivent un supplément, précise Marie-Christine Lefebvre. Il ne faut pas aller chercher d’attestation pour cela, nous faisons confiance aux gens. La solidarité se joue aussi à travers l’honnêteté. Mais bien entendu, nous pourrons éventuellement contrôler plus tard. ” Pas dans l’immédiat, puisque les employés affectés aux services de contrôle ont été invités à venir aider leurs collègues des call-centers, accessibles jusqu’à 20 h. L’histoire dira si toute cette affaire aura réussi à modifier durablement les relations entre l’administration et les citoyens.
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