L’étrange négociation des libéraux à Bruxelles : c’est la semaine de la dernière chance pour David Leisterh

David Leisterh (MR): l'initiative de la dernière chance. (Belga)
Baptiste Lambert

Le libéral a lancé un ultime appel aux formations francophones. La méthode pose toutefois question. Dans un courrier, qu’il a dévoilé sur les réseaux sociaux, le formateur constate que la piste menant au cd&v a échoué. Mais ce refus n’a jamais été totalement formalisé par les partenaires flamands.

Dimanche soir, David Leisterh a envoyé un courrier à Ahmed Laaouej (PS), Marie Lecocq et Samuel Cogolati (Ecolo), et Sophie Rohonyi (Défi), après une semaine de consultations visiblement infructueuses. “Au terme de cette première semaine, j’ai pu constater que la coalition néerlandophone annoncée fin novembre (Groen-N-VA-Open VLD-Vooruit) était la seule option, écrit le formateur bruxellois.

“En effet, aucun de ces partenaires n’est prêt à dénouer cet accord pour relancer d’éventuelles discussions avec le cd&v, qui n’avaient jamais réussi à aboutir entre juin et novembre. En conséquence, c’est avec cette coalition que nous devons travailler, malgré les craintes, réserves ou réticences exprimées“, ajoute-t-il. “Je vous demande de poser clairement la question à vos instances pour décision : oui ou non pouvez-vous vous asseoir autour d’une table pour négocier les contours d’une future majorité régionale ?

L’étrange jeu des libéraux

Par cette lettre, David Leisterh entérine le refus des partenaires flamands d’intégrer le cd&v à la place de la N-VA. C’était toutefois loin d’être aussi clair la semaine dernière. Sammy Madhi, le président du cd&v, avait ouvert la porte à une participation de son parti. Benjamin Dalle, le député bruxellois du cd&v, avait lui assuré qu’il n’avait “jamais dit” qu’il ne “monterait au gouvernement qu’avec la N-VA”, contrairement à ce qu’affirmait Georges-Louis Bouchez (MR).

Mais cette ouverture des chrétiens-démocrates a été balayée par l’Open Vld. Pour les libéraux flamands, la coalition qui a été négociée – Groen, Vooruit, Open Vld et N-VA – est la seule option possible. Il n’est pas question que les partenaires francophones interfèrent dans la coalition néerlandophone. Le problème, c’est que Groen et Vooruit n’ont, eux, pas du tout réagi. Ni positivement, ni négativement.

Ce jeu des libéraux offre une porte de sortie au PS et à Ahmed Laaouej, qui étaient tenus comme principaux responsables de l’échec des négociations. En refermant ainsi la porte, ce sont les libéraux flamands qui pourraient prendre le valet noir dans leurs mains. Le courrier de David Leisterh entamerait alors une sorte de baroud d’honneur au bout duquel le libéral devrait donner sa démission.

Le temps presse

À moins que Groen et Vooruit déclarent également leur impossibilité de changer leur coalition. Dans ce cas, les regards se tourneraient vers le PS, mais aussi Ecolo et Défi. Ces deux derniers pourraient se substituer aux socialistes dans une coalition avec le MR et Les Engagés.

C’est peu dire si le temps presse. Chaque jour, une fusillade fait la une des journaux. Bruxelles doit se constituer un gouvernement pour faire face à la crise de la drogue. “Un mort à Clemenceau dans un nouveau règlement de compte entre narcotrafiquants. Pourtant sur place, la police n’est visiblement pas arrivée à empêcher le drame. Les jours passent et se ressemblent dans une région sans gouvernement. Il est temps de faire primer le sens de l’état”, avait tweeté Christophe De Beukelaer (LE), le chef de file des Engagés. Depuis lors, une nouvelle fusillade a eu lieu.

Rappelons aussi que les finances bruxelloises foncent dans le rouge. Reproduire le budget de 2024 – via les douzièmes provisoires – ajouterait 1,5 milliard de déficits à la dette bruxelloise.

Si David Leisterh ne parvient pas à ses fins d’ici le 21 février, il devrait être remplacé logiquement par Ahmed Laaouej. Aujourd’hui, c’est ce scénario qui est le plus crédible.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content