Le MR dépose sa note pour Bruxelles : “Je suis très confiant sur cette démarche”

David Leisterh et Georges-Louis Bouchez - BELGA PHOTO ERIC LALMAND
Baptiste Lambert

David Leisterh et Georges-Louis Bouchez ont présenté à la presse leur note technique en vue de former un gouvernement à Bruxelles. Le document fait 81 pages et s’articule autour du budget, de l’économie, de la sécurité et la propreté. Il a pour objectif de créer le débat, “en parlant du fond”, via le Parlement et, par la suite, de rassembler une majorité. Les autres formations sont toutefois tenues de se positionner d’ici lundi.

Après 11 mois de blocage dans la capitale, les libéraux arrivent avec “une autre méthode”, en démarrant par le fond. Fruit de centaines d’heures de rencontres et discussions, le document a pour but d’objectiver la situation bruxelloise, avec des chiffres et des constats issus d’institutions neutres, comme le Bureau du Plan, la Cour des comptes, le Comité de monitoring ou encore la Banque Nationale. En résultent des propositions concrètes sur 12 thèmes prioritaires.

Ce texte vise à réunir une large majorité. Il n’exclut aucune formation politique “démocratique”, c’est-à-dire tout le monde, sauf le PTB, le Vlaams Belang et la Team Fouad Ahidar, dessine Georges-Louis Bouchez. Le président du MR y voit une nouvelle manière de fonctionner, et potentiellement “une révolution dans la manière de constituer des gouvernements en Belgique” :

“J’ai tout essayé”, se remémore David Leisterh, qui tente depuis des mois de former un gouvernement. “C’est à la fois une prise de risque et une prise de responsabilité, de notre part”, poursuit-il. ” Nous voulons ouvrir un débat sur l’avenir de Bruxelles”. Un risque ? “On s’est écarté des points qui étaient purement programmatiques“, assure Bouchez. C’est aussi sans doute la dernière carte du parti libéral.

Le MR sera-t-il entendu ?

Si Les Engagés ont déjà déclaré qu’ils liraient “attentivement” le document, la question se pose franchement pour le PS. Hier, les socialistes ont entamé de premières discussions qualifiées de “constructives” en vue de former une coalition de gauche, avec les écologistes et le PTB, côté francophone, et Groen, Vooruit et la Team Fouad Ahidar, du côté néerlandophone.

Une initiative qui visait à torpiller l’initiative du MR ? “Je ne l’espère pas, répond David Leisterh. J’espère qu’ils ne sont pas aussi machiavéliques que cela”.

Georges-Louis Bouchez, lui, ne croit pas trop en cette initiative. Il ne voit pas ce que Vooruit et le PTB ont en commun, par exemple. Le président libéral va même jusqu’à dire que le Parlement bruxellois ne penche pas à gauche, “contrairement à ce qui est souvent indiqué dans la presse. Si l’on considère le PTB dans le spectre démocratique, ok. Mais alors, on peut très bien dire que le Parlement fédéral penche fortement à droite en considérant le Vlaams Belang”.

Dans tous les cas, “quel mauvais signal envoyé à Standard & Poor’s“, réagit David Leisterh. On sait que l’agence de notation discute depuis lundi avec le gouvernement sortant et doit se positionner sur la note de Bruxelles, le 13 juin. Si la note est encore dégradée, les libéraux estiment le coût potentiel à 500 millions d’euros par an, pour les finances bruxelloises.

Vers un débat au Parlement

Selon Bouchez, la situation à Bruxelles reste bloquée arithmétiquement, quoi qu’on en dise, et qu’il faut donc parler du fond. “Je suis très confiant sur cette démarque“, lance-t-il. “Elle vise à contourner les petits jeux politiques et force le débat au Parlement”.

Sous quelle forme ? Le MR réserve sa réponse, en fonction des retours des autres formations politiques. Les libéraux espèrent un positionnement “d’ici lundi“. Après quoi, le parti libéral choisira comment lancer le débat au Parlement. On sait que le format de la “DPR” n’est pas possible, par exemple. Mais Georges-Louis Bouchez et David Leisterh disent avoir “beaucoup réfléchi” et se montreront visiblement créatifs.

Ecolo, DéFI et les partis néerlandophones de Bruxelles ont déjà indiqué qu’ils s’empareront du document et déposeront des amendements si la démarche est sincère. Aucun retour des socialistes, à ce stade. Fouad Ahidar, lui, a décidé de porter plainte à Unia contre Georges-Louis Bouchez, pour ses propos.

À ce stade, on ne voit pas très bien comment le MR pourrait débusquer le PS.

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