Georges-Louis Bouchez, la pluie et le beau temps

Georges-Louis Bouchez et David Leisterh: perplexes à Bruxelles. (Belga)
Baptiste Lambert

Qu’on l’admire ou qu’on le déteste, il faut bien admettre que le président du MR fait la pluie et le beau temps de la politique belge. Accusé de népotisme un jour, il annonce une percée décisive à Bruxelles le lendemain. Un contre-feu ? Le jour d’après, il tire tous azimuts sur les dépenses de l’État, dans la presse, provocant l’ire de son principal partenaire. Mais au bout de la semaine, la lumière finit réellement par surgir : le jeu s’ouvre enfin à Bruxelles.

Une folle semaine pour Georges-Louis Bouchez. Lundi dernier, le libéral place sa compagne à la tête de l’ONE. Il est immédiatement accusé de népotisme. Lui s’en défend. Il s’agit d’un mandat et non d’un poste. Et l’une des prérogatives des présidents de parti est de nommer des mandataires aux mandats qui reviennent à leur formation politique. Sans remettre en question le problème de la politisation de l’administration et des structures publiques en Belgique, le président du MR y voit justement une nécessité : pour appliquer sa politique, il faut des personnes de confiance à la bonne place. Le libéral essaye simplement de détricoter l’État PS au bénéfice d’un État MR. Bienvenue en particratie.

Bruxelles et Margaret Thatcher

Alors que la polémique monte toute la semaine, Bouchez lâche une petite bombe à Villa Politica, le jour de la fête de la Communauté flamande, vendredi dernier. “Je peux annoncer que nous devrions trouver une solution pour Bruxelles dans les prochaines heures.” Le discours du ministre-président flamand Matthias Diependaele (N-VA) passe quasiment inaperçu. On ne parle pas de la Flandre, mais de Bruxelles, après plus d’un an de blocage dans les négociations. Mais le président du MR est accusé de fanfaronner. Elke Van den Brandt, la cheffe de file de Groen, première formation néerlandophone à Bruxelles, dénonce “un petit tour de piste pour la presse” et attend du concret.

Le jour même, Georges-Louis Bouchez s’épanche dans la La Libre en plusieurs temps. Le vendredi, il remet en cause la vente de Belfius pour alimenter le budget défense. Le libéral penche plutôt pour la création d’un super-champion en liant les destins de la banque à celui de l’assureur Ethias. Le lendemain, le Montois s’attaque frontalement à l’Etat dispendieux et se verrait bien tailler à la tronçonneuse dans toutes les dépenses qui ne sont pas régaliennes. Tout y passe : la culture, la RTBF, la coopération au développement, les 1.200 milliards de dépenses de sécurité sociale dans les huit prochaines années… “Avec de telles dépenses en matière sociale, on n’est pas dans un État libéral de droite et sécuritaire, on est dans un État communiste…“, estime-t-il. Il en appelle aux méthodes de Margaret Thatcher : “En fait, l’État s’occupe de vous, de votre naissance à votre mort. Il y a un problème.”

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Bouchez surenchérit encore. Il le promet. Dans son programme aux prochaines élections, la suppression de la taxe sur les plus-values y figurera. Mais le Montois veut négocier dès la rentrée de nouvelles coupes dans les dépenses. Sans quoi l’Arizona devra se préparer à un véritable casse-tête lors de chaque conclave budgétaire.

Vifs échanges

Accusé d’allumer des contre-feux par l’opposition, le président du MR se fait également prendre en grippe par son principal partenaire : Les Engagés. Entre les deux partis, cela fait longtemps maintenant que la lune de miel est terminée. “Dans son interview à La Libre, le président du MR s’attaque aux familles monoparentales, à l’Etat et ses services publics, à la culture, à la coopération au développement, aux « brols » de l’égalité des chances, à la sécurité sociale… Beau strike. Mais soyons clairs : ce sont les libres prises de position d’un président de parti, mais heureusement pas la ligne des accords de gouvernement négociés”, précisait Maxime Prévot, sur les réseaux sociaux.

Le ministre des Affaires étrangères reprenait aussi les propos “ahurissants” de Georges-Louis Bouchez sur la Coopération au développement que “seul Trump a rayé de la carte”. “Des économies substantielles seront déjà effectuées dans le secteur, il est hors de question de vouloir aller plus loin et caricaturalement l’asphyxier”, tranchait-il. Dans la foulée, Georges-Louis Bouchez lui répondait : “Cela fait des décennies que l’on fait de la coopération au développement… on n’a résolu ou amélioré aucun des objectifs qui viennent d’être cités et certainement pas la réduction de la migration illégale. Et le point Godwin Trump ne permettra pas de cacher cette réalité.”

Maxime Prévot préférait couper court : “Il vaut mieux que j’évite de surenchérir dans un débat manifestement stérile où les slogans pèsent visiblement plus que les analyses de fond. Je te laisse à tes caricatures. Bon weekend !” Ambiance.

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Percée décisive

Voilà qui aurait pu conclure une assez mauvaise séquence pour le président du MR. Mais dimanche, fumée blanche dans les négociations bruxelloises, apprend La Libre, toujours. Le Montois est parvenu à trouver un compromis original dont les contours restent à préciser.

L’intention est d’avoir une majorité dans chaque groupe linguistique. Pourtant, la N-VA ne devrait pas intégrer l’exécutif, comme le réclamait le PS. Mais la formation nationaliste devrait soutenir le gouvernement de l’extérieur. L’astuce ? Le MR va sacrifier un secrétaire d’État pour y nommer une personnalité issue de la société civile qui soit N-VA compatible. Un drôle de bricolage qui semble, à ce stade, accepté par tous. Ou en tout cas, pas rejeté.

Des négociations vont pouvoir débuter entre six formations politiques. Le MR, le PS et Les Engagés, côté francophone, Groen, Vooruit et l’Open Vld, du côté néerlandophone. Ceux qui accusaient Georges-Louis Bouchez de fanfaronner devant la presse ou d’allumer des contre-feux en ont pour leur argent. Le libéral fait bien la pluie et le beau temps de la politique belge.

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