Au MR, on ne croit pas trop au coup de pression des Engagés à Bruxelles

Verougstraete et Bouchez - Belga Image
Baptiste Lambert

Dans La Libre, ce week-end, le président des Engagés, Yvan Verougstraete, a clairement menacé les libéraux. Voilà plusieurs semaines qu’il ne se passe rien dans les négociations bruxelloises. Au MR, on ne panique pas. On ne croit pas trop aux menaces des centristes de se rapprocher du le PS. Une note sera bien proposée dans les temps, sur laquelle chacun pourra se positionner.

Deux sorties pour le moins contrastées. Mercredi dernier, dans le média bruxellois Bruzz, Yvan Verougstraete jugeait qu’une majorité avec le PS, Ecolo et DéFI “serait très inconfortable”, parce qu’elle défierait la majorité de l’Arizona. “Comment pouvons-nous nous identifier à cela, si nous faisons nous-mêmes partie de l’Arizona ? Je ne vois pas (…). Cette majorité est complètement hors de question. Nous avons un bon partenariat avec le MR. La coopération se déroule bien dans les trois gouvernements. Nous restons fidèles“, ajoutait le remplaçant de Maxime Prévot à la tête des Engagés.

Samedi, dans La Libre, le ton avait radicalement changé. “Soit des gestes sont faits d’ici à une semaine à dix jours maximum qui nous laissent croire qu’il y a une volonté de faire monter le PS ou Écolo autour d’un projet. Soit il faudra tirer les conclusions que cette initiative du MR n’est pas crédible. Et alors, on sera dans un autre monde“, menaçait le centriste.

Entre les deux ? Une déclaration de Georges-Louis Bouchez, en marge de sa visite non officielle au Maroc. Dans une vidéo qu’il avait tournée, le libéral plaidait pour la reconnaissance du Sahara occidental comme territoire marocain. Autrement dit : le président du MR marchait clairement sur les plates-bandes du ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot.

Cette séquence n’explique pas tout, mais s’ajoute à une longue liste de griefs des Engagés à l’encontre du MR.

Une note technocratique

Au MR, une frange du parti ne croit pas aux menaces des Engagés de se rapprocher du PS. Et le président libéral en fait partie. Bouchez ne voit pas ce que Les Engagés ont à y gagner.

Les libéraux agiront comme prévu, en proposant une note d’ici le 1er juin, sans doute dès la semaine prochaine, sur laquelle tous les partis autour de la table pourront se positionner. Mais alors qu’il était question du dépôt d’une Déclaration de politique générale (DPR) au Parlement, on parle maintenant d’une note technique de 120 pages, apprend La Libre.

En gros, il s’agira d’un rapport chiffré qui comprend les données budgétaires et les recommandations de certaines institutions qui font autorité, comme la Cour des comptes, l’OCDE, le comité de monitoring, etc., explique un élu libéral. “C’est une note à la Mario Draghi”, poursuit-il. On se souvient qu’à l’échelon fédéral, c’est ainsi qu’avait procédé le Premier ministre, avant de former l’Arizona.

Ensuite, cette note sera portée devant le Parlement où les débats politiques auront lieu. “Il ne s’agira pas d’une note à droite toute et elle ne sera pas à prendre ou à laisser“, nuance la même source.

L’art de tourner en rond

La question de savoir si cette note technique permettra de faire avancer les débats reste entière. Tous les protagonistes autour de la table connaissent déjà la situation économique de Bruxelles.

La crainte des Engagés, c’est que cette note comprenne des éléments politiques trop marqués à droite, qui seront rejetés par le PS. Une manière de lui faire porter le poids de la crise.

Du côté d’Ecolo, la cheffe de file Zakia Khattabi ne croit absolument pas à ce tour de passe-passe des libéraux. “La technocratie n’existe pas. Il n’y a que des choix politiques !“, assène-t-elle dans un post sur LinkedIn, ce mardi matin. “Ce que cette annonce révèle en réalité, c’est une mécanique bien rodée : faire passer un projet politique pour une évidence technique, gommer le conflit d’intérêts sous couvert de neutralité, évacuer le débat démocratique au nom de l’efficacité.”

Hier matin, sur La Première, l’écologiste rejetait dans le même temps l’initiative d’Ahmed Laaouej, le leader du PS à Bruxelles, pour former une coalition progressiste, sans le MR : “Nous ne prenons pas la responsabilité d’éjecter le premier parti, pas plus que le second.”

En tout état de cause, tout indique que le PS et le MR sont forcés à s’entendre, ce qu’on sait depuis le lendemain du scrutin. S’ils y parviennent, il restera à trancher la question N-VA, du côté néerlandophone.

Ou l’art de tourner en rond.

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