À Bruxelles, on tourne en rond comme jamais


Hier, Georges-Louis Bouchez a mis la pression sur DéFI, qui campe sur ses positions : c’est njiet avec la N-VA. Le PS, de son côté, acte que le MR pose désormais “une exclusive” sur lui. Dans le gouvernement sortant, le ministre du Budget, Sven Gatz (Open Vld), propose des réductions des dépenses que ses collègues n’accepteront probablement pas. Le mois de juin approche.
Début avril, le formateur, David Leisterh (MR) estimait que DéFI “serait en capacité de prendre ses responsabilités pour sauver Bruxelles“. Gouverner avec la N-VA ? “Je comprends que ce n’est pas quelque chose de simple. Mais je sais que DéFi est un parti qui s’est construit pour et autour de Bruxelles, et qui est très inquiet, comme de nombreux Bruxellois, de l’état et de l’avenir de Bruxelles”, ajoutait le libéral au micro de LN24.
Hier, devant les caméras de Villa Politica (VRT), le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a remis un coup de pression : “Si DéFI dit oui, on a un gouvernement dans la semaine. À l’inverse, Bruxelles sera en crise.” Réponse immédiate du numéro 2 du parti, François De Smet : “Enlève la N-VA de l’équation, et c’est même jouable en trois jours.”
Enlève la N-VA de l'équation, et c'est même jouable en trois jours. https://t.co/5Llhpt0nEG
— François De Smet (@francoisdesmet) April 24, 2025
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On en est là. C’est-à-dire nulle part.
Le PS : de coupable à victime
Cette exclusive contre la N-VA, elle est portée depuis toujours par le PS, ce qui lui a valu pendant longtemps de porter dans sa main le valet noir.
Au MR, on essaye désormais de faire sans le PS. C’est la nouvelle stratégie de Bouchez : “Une majorité avec le PS n’est pas possible, car le parti a une attitude communautariste, ne veut pas de réforme budgétaire ou d’activation des chômeurs.”
Ahmed Laaouej, le chef de file du PS à Bruxelles, a saisi la balle au bond pour se muer en victime. “Cette déclaration a le mérite de la clarté : le MR n’a jamais eu l’intention de forger des compromis ni avec le PS, ni avec aucun parti de gauche au Parlement bruxellois. Les derniers mois n’étaient donc qu’une mascarade. Le MR a pris Bruxelles en otage pour des intérêts partisans et s’enferme dans une stratégie du pourrissement visant à imposer par tous les moyens une politique d’austérité et de casse sociale. Quoiqu’en disent les libéraux, Bruxelles n’a pas voté pour une Arizona bis.”
Le socialiste estime que “la méthode MR a malheureusement fait la démonstration de son incapacité à créer les conditions de la confiance mutuelle permettant de réunir une majorité parlementaire stable au Parlement bruxellois”. Ahmed Laaouej oublie de signaler qu’il n’a jamais voulu prendre ses responsabilités en se posant dans le fauteuil de (pré)formateur.
Limiter le dérapage budgétaire
Le blocage a un mérite, selon Georges-Louis Bouchez : “Le PS ne peut dépenser l’argent qu’il n’a pas. Il est parfois mieux de travailler en douzièmes provisoires. C’est la première fois qu’on fait des économies en Région Bruxelles-Capitale.”
C’est une lecture très optimiste de la situation. En réalité, les douzièmes provisoires consistent à appliquer le budget initial de 2025 à raison d’un douzième par mois. Or, pour l’année 2024, le déficit atteignait 1,5 milliard sur un budget de 7,6 milliards d’euros.
C’est pourquoi le ministre sortant du Budget, Sven Gatz, vient de soumettre une proposition budgétaire au gouvernement en affaires courantes, apprend La Libre. Elle vise, “grâce à des mesures conservatoires”, à limiter le déficit.
Chaque ministre est mis devant ses responsabilités pour limiter les dépenses de personnel, via le moratoire, prioriser les investissements et établir une liste d’économies, notamment au niveau des subsides facultatifs (les “faits du prince”, selon la critique). Enfin, le libéral demande à ne pas dépenser l’argent qui n’a pas été dépensé en 2024, faute de gouvernement de plein exercice.
Le mois de juin
Mais cela suppose des sacrifices que les ministres sortants ne voudront probablement pas s’imposer.
Le mois de juin approche. Il actera le premier anniversaire de vacances du pouvoir, mais surtout, verra l’agence de notation Standard & Poors se pencher sur la crédibilité financière de la Région Bruxelles-Capitale.
Alors, à qui la faute ?

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