Bpost : le triple coup de pression sur le gouvernement fédéral

la ministre Petra De Sutter. © BelgaImage
Baptiste Lambert

La concession presse pour la distribution de journaux et des magazines revient au-devant de l’actualité. Ce jeudi matin, le front syndical de bpost entame un mouvement de grève. En outre, les éditeurs flamands sortent enfin du bois et mettent eux aussi la pression sur le gouvernement fédéral. Du côté du Parlement, des initiatives sont prises.

Fin décembre, les libéraux flamands remportaient un combat de longue haleine contre la concession presse, une enveloppe de subsides de 175 millions d’euros à destination de bpost, pour assurer la distribution des journaux et des magazines dans les boîtes aux lettres.

À l’époque, il avait été décidé de mettre en place un régime transitoire, qui laisserait à bpost le soin de distribuer la presse durant encore quelques mois, jusqu’au 1er juillet. Pour les éditeurs, qui risquent de voir le coût réel de la distribution exploser, un crédit-impôt était évoqué, jusqu’à 2026, sans qu’on en connaisse réellement toutes les modalités.

Syndicats, éditeurs et parlementaires

Tant l’entreprise postale que les éditeurs de presse sont aujourd’hui dans le flou. Ce jeudi matin, le front syndical a entamé un mouvement de grève qui devrait perturber la distribution du courrier durant toute la journée. Selon Thierry Tasset, secrétaire général à la CGSP Poste, la perte du contrat des journaux coûterait quelque 4.000 emplois à bpost.

De leur côté, les éditeurs flamands sortent enfin du bois. Pourtant, ils étaient en partie visés par les libéraux flamands, à l’origine. L’empire de DPG Media et Mediahuis s’étend en effet au-delà de nos frontières, notamment aux Pays-Bas. Pourquoi auraient-ils besoin de ces subsides détournés ? Les deux mêmes groupes de médias ont envoyé début février un courrier au Premier ministre et à ses vice-Premiers, dont L’Echo a pu se procurer une copie. Les CEO Koen Verwee et Christian Van Thillo y font part du danger inévitable de la perte d’emplois. Ils estiment les surcoûts liés à la fin de la concession presse à 40 millions d’euros, au nord du pays. Ils demandent deux compromis au gouvernement fédéral : que la concession (et les subsides) soit prolongée jusqu’à la fin de l’année (au lieu de juin), et que le mécanisme fiscal en faveur des éditeurs coure jusqu’à 2028 (au lieu de 2026).

Enfin, la pression est également parlementaire. Assez curieusement, le député Jean-Marc Delizée (PS) soumet ce jeudi une proposition de résolution, alors que son ministre, Pierre-Yves Dermagne (PS), est en charge du dossier. Cette proposition vise à pérenniser le soutien à la presse au-delà de 2026, en ce compris le mécanisme fiscal et le soutien aux zones rurales. Plus tôt, en janvier, le député Ecolo Gilles Vanden Burre avait lui proposé de prolonger la période de transition liée à bpost.

De Sutter temporise

On entend toutefois pas le même son de cloche de la part de Groen. La vice-Première ministre Petra De Sutter explique ce matin dans De Tijd qu’elle ne voit pas comment le gouvernement fédéral pourrait modifier l’agenda établi en décembre dernier. En effet, le plus petit acteur de la distribution, le Bruxellois PPP, a déjà attaqué l’État et bpost pour l’aide de 75 millions d’euros liée à la période de transition qui coure jusqu’à fin juin. Nul doute que cet acteur privé qui avait remporté l’appel d’offres initial préparera une autre offensive en cas de nouvelle prolongation.

Celle qui est aussi la ministre des Entreprises publiques, en charge donc de bpost, remet aussi en question le chiffre de 4.000 emplois menacés, lancé par bpost. Selon Petra De Sutter, il est à l’heure actuelle impossible de définir un tel chiffre. La ministre estime ensuite que l’entreprise postale doit pouvoir tirer bénéfice de son statut spécial. Il est notamment évoqué comme piste de solution de muter le personnel concerné vers d’autres services fédéraux. “On manque par exemple de gardiens de prison”, a évoqué l’écologiste.

Il nous revient que le débat sur la concession presse pourrait revenir rapidement sur la table du kern, le Conseil des ministres restreint.

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