Martin vs Bouchez : un mayorat sous (très) haute tension à Mons
Entre deux négociations, le président du MR n’oublie pas sa prochaine priorité politique : devenir bourgmestre de Mons. Georges-Louis Bouchez utilise la même méthode rentre-dedans qui a fait sa réussite lors des dernières élections. Quitte à provoquer la stupéfaction du bourgmestre sortant et concurrent, le socialiste Nicolas Martin.
Après plusieurs années d’affrontements remarqués au sein du conseil communal de Mons, Georges-Louis Bouchez (MR) et Nicolas Martin (PS) se disputeront l’écharpe mayorale, le 13 octobre prochain. L’inimitié entre les deux hommes est totale et le combat est d’ores et déjà intense et tendu.
“Les barakis à Mons, c’est fini si je suis bourgmestre” : c’est une interview de GLB accordée à Sud Info qui a mis le feu aux poudres. Le président du MR veut instaurer des mesures strictes pour, dit-il, “un “électrochoc sécuritaire”, estimant que “le niveau d’insécurité est affolant” à Mons. Parmi elles, l’interdiction de la mendicité, l’interdiction de consommer de l’alcool en rue, des caméras de surveillance sur tout le territoire, l’interdiction d’accès dans le centre-ville à certaines personnes ou encore des contrôles de police systématisés chaque weekend.
Ça chauffe
Rapidement, le Montois est traité de populiste. Certains experts estiment ses mesures “illégales” voire “inconcevables au nom de la dignité humaine”. D’autres personnes, sur les réseaux sociaux, lui rappellent que la consommation d’alcool est déjà interdite dans la ville de Mons. “Seulement dans certaines rues”, rétorque le libéral. L’ordonnance de police de 2019 parle, elle, de Mons “intra-muros” élargi à plusieurs grandes artères.
Mais la principale saillie vient de son concurrent socialiste, dans un post Instagram au ton pour le moins ironique : “Je propose que tous les Montois soient désormais obligés de sauter du beffroi en parachute, de nager 10 km en apnée dans le Grand Large et d’escalader en poirier le terril de l’Héribus (…). C’est stupide. Je sais. Mais avec ça, je devrais pouvoir moi aussi faire 3 fois la première page de Sud Presse, générer des débats, des articles et des contre-articles, des commentaires sur les réseaux sociaux. Et, même si je brasse du vent, faire parler de moi.”
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Pas certain que le second degré soit suffisant pour contrer une méthode qui a fait ses preuves en juin dernier : un message clair et sans concession, un franc-parler radical, critiquable et critiqué, d’un président du MR qui s’adresse aux classes moyennes et populaires.
Mons, priorité de Bouchez
Dans L’Echo, ce weekend, Nicolas Martin a toutefois décidé d’attaquer le MR sur son terrain : les entreprises et les indépendants. “Je suis issu de la gauche sociale-démocrate. Ici, à Mons, on mène une politique de centre-gauche, très orientée vers le monde de l’entreprise et du commerce. Sur Mons, on a créé 5.500 emplois sur les dix dernières années. C’est la ville qui a créé le plus d’emplois en Wallonie ces dix dernières années”, se félicite le bourgmestre sortant. Un constat que ne semblent toutefois pas partager de nombreux Montois qui lui répondent sur les réseaux sociaux. Mais le bourgmestre veut aller au-delà des clichés : “Je sais que la mode est au bashing et aux gauchistes qui favorisent l’assistanat mais ce n’est pas du tout le genre de la maison. Des gens qui votent MR aux législatives, votent pour moi aux communales. Ils voient le résultat sur le terrain, qui va au-delà des slogans qui sont véhiculés dans les campagnes.”
Si on regarde les résultats du 9 juin, où le MR a progressé de plus de 10% dans la circonscription de Mons, le combat sera âpre et sans doute plus serré que jamais. Certes, une élection communale obéit à ses propres lois, mais on voit mal comment l’écart de plus de 20% qui séparait la “liste socialiste” de “Mons en mieux!” (MR), en 2018, pourrait être reproduit.
Georges-Louis Bouchez se donne en tout cas tous les moyens pour parvenir à défaire les socialistes, qui domine le paysage politique de la Cité au dragon depuis les années 50. Il a par exemple appelé Julie Taton à la rescousse, 23.633 voix de préférence lors du scrutin de juin. Même si la sincérité de sa démarche de venir habiter à Mons suscite quelques interrogations.
Quoi qu’il en soit, Bouchez a fait de Mons sa prochaine priorité, répétant un système qui a fait ses preuves : cumuler la fonction de président de parti avec celle de bourgmestre d’une grande ville. Paul Magnette (PS) à Charleroi, Maxime Prévot (LE) à Namur et Bart De Wever (N-VA) savent de quoi ils parlent.
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