Bouchez prolongé d’un an au MR, Sophie Wilmès jouera un rôle central, mais la crisette laissera des traces
Le président libéral est prolongé jusqu’après les élections communales. Une décision à l’unanimité. Mais il devra jouer davantage collectif. L’ancienne Premier ministre Sophie Wilmès se réinvestit. Mais les dégâts sont là.
Georges-Louis Bouchez, président du MR, reste en place. Son mandat, qui expirait fin novembre, est prolongé d’un an, après les élections communales d’octobre 2024. Le bureau du parti s’est entendu à l’unanimité, ce lundi matin, sur un “déploiement du parti” en vue du scrutin crucial du 9 juin 2024.
La crisette est terminée, la crise est évitée: il n’y aura pas d’élections internes, avec le risque d’un écartelement du parti comme ce fut le cas voici plus de dix ans entre Charles Michel et Didier Reynders. Mais Georges-Louis Bouchez devra la jouer davantage collective et sort affaibli de l’épreuve. Car les états d’âme des ténors du parti sont apparus au grand jour au sujet de son style et de son positionnement.
Wilmès et les
Le MR mise sur les talents de débatteurs de GLB, mais aussi sur une implication plus grande de l’ancienne Première ministre, Sophie Wilmès, qui sera au coeur de la campagne et des futures négociations gouvernementales. Elle sera en charge des “relations extérieures” avec le président. Les deux personnalités, au profil différent, pourront-elles s’entendre et éviter de laver leur ligne sale en public? Ce compromis suffira-t-il à mettre le MR en ordre de marche et à convaincre?
Le reste du “déploiement” correspond aux niveaux de pouvoir. Le vice-Premier ministre David Clarinval se chargera de l’échelon fédéral. L’actuel vice-président du gouvernement de Wallonie Willy Borsus portera la voix du MR en Région wallonne, a avec comme priorité le marché du travail et le taux d’emploi. A Bruxelles où le MR est dans l’opposition depuis 20 ans, David Leisterh tentera de “prendre la citadelle”. De son côté, Pierre-Yves Jeholet, l’actuel président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, portera les valeurs du MR dans cette entité, avec pour but notamment de “remettre la valeur de l’effort, du mérite et du dépassement de soi au coeur de l’école”.
“Je suis content de ce déploiement du MR, réagit Willy Borsus, numéro deux du gouvernement wallon, qui était un des plus irrités par le style Bouchez. En Wallonie, le MR doit être le moteur des réformes. Avec 227.000 demandeurs d’emploi inoccupés dont 94.000 depuis plus de 2 ans et un taux d’emploi de 65.8%, la Région a besoin que nous poursuivions et amplifions les réformes.”
Deux craintes substantielles
Le MR, nous disait récemment son ministre-président francophone Pierre-Yves Jeholet, a suffisamment de talents pour convaincre les électeurs avec ses ministres, ses députés et ses responsables locaux. Georges-Louis Bouchez lui-même, après l’expression des critiques, a réuni au boulevard de la Toison d’Or les 104 bourgmestres pour illustrer la force de frappe du parti: la photo de cette assemblée illustrait la collectivité et… diluait les visages, de telles sorte que l’on ne reconnaissait personne.
Mais deux craintes effectives se font jour. D’une part, le renouveau des Engagé.e.s frappe juste et touche le MR au centre-droit. Après le débauchage de Jean-Luc Crucke et le recrutement d’Yvan Verougstraete, le parti de Maxime Prévot réussit une rentrée tonitruante avec ses recrutements en nombre, dont des entrepreneurs comme Olivier de Wasseige ou Jean-Jacques Cloquet qui plaident le “libéralisme social”. Au sein du MR, on minimise, prétextant que ce ne sont que des amateurs, et on ironise en affirmant que les Engagé.e.s marchent sur les traces de l’ancien PSC avec des touches conservatrices. Il n’empêche, la concurrence est là.
Par ailleurs, la personnalité de Georges-Louis Bouchez reste, potentiellement, un obstacle en vue de la composition des futures majorités. Du côté francophone, les présidents socialistes et écologistes ont déjà laissé entendre qu’ils le contourneraient si cela est mathématiquement possible. Or, les derniers sondages montrent que les Engagé.e.s reprennent du poil de la bête, surtout en Wallonie. De là à envisager une majorité sans le MR… Le retour à l’avant-plan de Sophie Wilmès devrait mettre de l’eau dans le vin, mais cela suffira-t-il?
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