Au FMI, le mini-budget britannique essuie les critiques

Liz Truss © getty

Ce n’est pas un recadrage en règle mais une mise au point claire : dans les couloirs du Fonds monétaire international, le Royaume-Uni a essuyé des critiques plus ou moins voilées de dirigeants sur son projet contesté de mini-budget.

Qu’ils soient directs ou plus discrets, les tacles sont venus de plusieurs des dirigeants réunis à Washington à l’occasion des rencontres d’automne rassemblant le FMI, la Banque mondiale et les principaux ministres des Finances et banquiers centraux du G20. Jeudi, la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva a appelé à “des politiques cohérentes et consistantes” en réponse à une question de journaliste sur le Royaume-Uni, tout en saluant “une réunion très constructive” qui s’est tenue avec le chancelier de l’Echiquier britannique Kwasi Kwarteng et le gouverneur de la banque d’Angleterre, présents dans la capitale américaine. Un commentaire de la puissante institution de Washington était attendu deux semaines après un recadrage plus direct par écrit réclamant à Londres de “réévaluer” son mini-budget, dans une déclaration au ton inhabituellement direct pour un pays riche.

Dévoilées le 23 septembre, ces mesures soutenues par la nouvelle Première ministre Liz Truss prévoient un plan de soutien massif contre la hausse des prix de l’énergie ainsi que des réductions d’impôts notamment pour les plus fortunés, tout en misant sur un recours très important à l’emprunt. Ces annonces ont fait plonger la livre à un plus bas historique et les taux d’emprunts se sont envolés en raison des craintes de dérapage budgétaire et de poursuite de l’envolée inflationniste au moment même où la Banque d’Angleterre tente à l’inverse de réduire la forte hausse des prix en remontant ses taux afin de ralentir l’activité économique.

“Ne pas prolonger la douleur”

La critique est également venue cette semaine d’autres dirigeants, à l’instar du chef économiste du FMI Pierre-Olivier Gourinchas, jugeant, en citant directement la politique de Londres, que “c’est comme d’avoir une voiture avec deux personnes qui essaient de tourner le volant dans une direction différente”. Si la politique budgétaire et monétaire s’opposent, alors “la tache des banquiers centraux ne devient que plus difficile et se traduit par la nécessité de plus de hausses de taux”, a poursuivi Kristalina Georgieva, appelant à “ne pas prolonger la douleur”.

“Se faire passer un savon par le FMI ne fait jamais bon genre” réagit auprès de l’AFP Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown, ajoutant que cela n’aide pas à voir s’évaporer les craintes des investisseurs quant à la capacité des dirigeants britanniques à gérer l’économie”. Dans une critique voilée à la politique britannique, la présidente de la Banque centrale européenne Chritine Lagarde a pour sa part affirmé mercredi que “nous avons vu de bons et de mauvais exemples de ce que la coopération ou le manque de coopération peut causer” entre les politiques monétaires et budgétaires, au cours d’une prise de parole à l’Institut de finance internationale (IIF) également à Washington.

De quoi faire pression sur les dirigeants de Londres ? “Notre position n’a pas changé” a affirmé jeudi à Washington le chancelier britannique Kwasi Kwarteng, tout en renvoyant aux détails de ses projections économiques prévues le 31 octobre et en démentant des informations de presse évoquant un volte-face à l’étude.

Ce potentiel changement de pied évoqué par des informations de Bloomberg n’est pas pour déplaire à Kristalina Georgieva, qui a affirmé jeudi qu'”il est correct d’avoir une action guidée par les preuves, donc si la preuve montre qu’il doit y avoir un recalibrage, il est bon pour les gouvernements de la réaliser”.

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