“Arrêtons la wallonisation de la Belgique”

Bart De Wever: "Sauver la propsérité flamande". © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La N-VA s’irrite des résultats du dernier baromètre EY sur l’attractivité du pays vis-à-vis des investisseurs étrangers. On ne peut pas lui donner tort. De là à instrumentaliser le propos…

“Un message: arrêtons la wallonisation de la Belgique.” Voilà la réaction très directe du député N-VA Michael Freilich au dernier baromètre EY sur l’attractivité de notre pays à l’égard des investisseurs étrangers. “La Wallonie (pays du PS) s’enfonce dans un ravin économique, dénonce-t-il. La Flandre (pays de la N-VA) atteint des sommets. L’année passée, 27 investissements internationaux en Wallonie contre 160 en Flandre.”

Le bureau de consultance EY épingle dans son baromètre annuel un léger ralentissement des investissements internationaux dans notre pays: 234 projets en 2022 contre 245 en 2021. Mais l’écart se creuse, en effet, entre les deux principales Régions du pays: les 160 projets flamands représentent une hausse de 19 projets par rapport en 2021, tandis que les 27 projets wallons marquent une chute de 19 projets sur un an. Bruxelles baisse également: de 58 à 47.

On ne peut évidemment s’empêcher de songer au symbole qu’a représenté l’abandon du projet Legoland sur l’ancien site de Caterpillar à Gosellies, une décision tombée en mars de cette année. Sans qu’un message ne soit donnée au-delà du « changement de stratégie » du groupe. Ce baromètre vient jeter une lumière crue sur ce contretemps.

Manque de dynamisme

Quitte à s’autoflageller, il convient de constater que les maux à l’origine de ce constat sont criants et connus: le manque de dynamisme entrepreneurial wallon, une fiscalité désavantageuse (vis-à-vis des Pays-Bas ou un marché de l’emploi trop rigide et une concurrence des pays de l’Est.

Le manque de transformation de l’économie wallonne se paye, aussi. “Il semble que des filières de l’économie de la Wallonie ont plus souffert de la pandémie, comme dans la sous-traitance automobile, l’industrie du verre et le secteur aérospatial”, souligne Marie-Laure Moreau (EY), citée par nos confrères de L’Echo.

En raison du résultat wallon, la Belgique perd trois places dans le classement des pays européens les plus attractifs. C’est aussi le plancher atteint par la Région wallonne depuis dix ans. De quoi plomber, une nouvelle fois, les promesses de relance.

Les seules bonnes nouvelles viennent de l’emploi créé par ces investissements étrangers, en hausse, ainsi que des perspectives pour 2023 qui semblent meilleurs, malgré tout.

Instrumentalisation politique

Ce cri du cœur du député N-VA s’inscrit dans une stratégie du parti nationaliste visant à instrumentaliser tous les éléments en vue d’une campagne pour les élections de 2024 qui a débuté bien tôt.  

Dans le même temps, le vice-président Sander Loones et le ministre flamand Matthias Diependaele remettent une enième fois sur la table leur projet confédéral. Un discours qui s’enracine encore dans les affaires politiques des dernières semaines. Avec le confédéralisme, plaide-t-il, la diminution du nombre de ministres, de parlementaires ou de mandataires en général permettrait d’économiser 247 millions d’euros.

Tout fait farine au moulin. Mais s’il est évident que la Wallonie et Bruxelles doivent accélérer les réformes et faire des choix clairs pour éviter de s’enfoncer encore, s’il est encore temps, la N-VA devrait en retour comprendre…qu’il est dans son intérêt de voir ses deux Régions voisines redécoller.

En 2024, la N-VA fera face à un dilemme: négocier le confédéralisme avec le PS ou opter pour une coalition de réformes économiques. La tonalité du discours, ici, semble faire pencher la balance ans le premier camp.

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