Après la débâcle électorale, la dotation publique d’Ecolo et de DéFi va prendre un sérieux coup
Après la défaite politique, les pertes financières. Ecolo et DéFI se sont réveillés avec la gueule de bois, lundi matin. Mais le plus dur reste sans doute à venir : des licenciements importants sont à prévoir.
Le financement des partis est ainsi fait en Belgique. Il laisse très peu de place aux dons privés et dépend très fortement des scores électoraux. Ainsi, on estime généralement que 80% du financement des partis provient de l’État, et majoritairement de l’échelon fédéral. Un montant de base est prévu pour chaque groupe politique qui parvient à placer au moins un député à la Chambre et au Sénat : respectivement 214.373,5 euros et 85.749,4 euros.
Mais là où le bât blesse pour Ecolo et DéFI, les deux grands perdants des élections, côté francophone, c’est le montant forfaitaire : 3,66 euros par vote à la Chambre et 1,46 euro au Sénat. Or, 66% des Wallons qui avaient voté pour les Verts en 2019 s’en seraient détournés en 2024, principalement au profit des Engagés, selon un sondage à la sortie des urnes de l’ULB. DéFI a lui perdu 33% de ses voix au bénéfice des Engagés, 13,9% au profit du MR. En tout, DéFi aurait perdu environ 60% de ses voix.
À cette dotation fédérale, il faut ajouter les subsides accordés à chaque groupe politique au sein de toutes les assemblées du pays. Mais la barre est ici fixée à 5 députés. Ecolo franchit cette barre, tout juste, au Parlement wallon, au contraire de DéFi qui n’est pas représenté. Les deux partis dépassent toutefois ce cap au Parlement bruxellois.
On peut aussi y ajouter les rétrocessions des députés. Chaque parti impose ses propres règles aux députés. Chez Ecolo, les députés rétrocèdent en moyenne 40% de leurs émoluments. Sur un salaire net de 6.863 euros par mois, le député en gagne réellement 4.122. Chez DéFI, les députés retournent 800 euros par mois à leur parti.
Bref, la KUL a fait les comptes, en comparant les résultats du scrutin par rapport à une situation où il n’y aurait pas eu d’élections. Ecolo passe ainsi de 6,13 millions d’euros à 2,86 millions d’euros, soit une baisse de 53%. DéFI passe de 0,93 million d’euros à 0,66 million d’euros, en chute de 28%.
À l’autre bout du spectre, on retrouve bien sûr les Engagés, qui passent de 3,98 millions d’euros à 7,9 millions d’euros (+78%). Le MR réalise l’autre belle opération, en gagnant 34% de dotation publique, passant de 7,71 millions d’euros à 10,33 millions d’euros.
Des licenciements sont à prévoir
Des pertes financières signifient nécessaires des licenciements. Au sein des chancelleries, il est encore trop tôt pour faire les comptes. Mais on peut déjà émettre quelques hypothèses. Ecolo perdra par exemple tous ses ministres. Au gouvernement bruxellois, Alain Maron disposait de 55 collaborateurs, Barbara Trachte 41. Au gouvernement wallon, on comptait près de 470 collaborateurs pour 8 ministres, soit une moyenne de 60 personnes par ministre. Ici, les ministres Céline Tellier, Philippe Henry et leurs collaborateurs devront faire leurs valises.
Au niveau des députés, il y a les attachés parlementaires. Au sein de la Chambre et des Parlements wallon et bruxellois, Ecolo perd 25 députés, il ne lui en reste que 15. DéFI en perd 5 et ne compte plus que 7 parlementaires.
Ensuite, il y a toutes les personnes qui gravitent autour de l’appareil de parti : communicants, conseillers, centre d’étude, etc. Il se pourrait toutefois que le bain de sang social soit évité, au moins jusqu’aux élections communales d’octobre, où on commencera à se compter. En attendant, Ecolo dispose toujours d’un solide trésor de guerre : 7,92 millions d’euros en 2022, selon Commission de contrôle des dépenses électorales. Or ce capital est justement utilisé pour éviter les licenciements massifs. Ce sera beaucoup plus compliqué pour DéFI, qui n’a constitué que 265.000 euros.
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