Angela Merkel réclame une Europe budgétaire

© EPA

La chancelière allemande a répété vendredi au Bundestag son intention de changer les traités européens pour y ancrer plus de discipline budgétaire. Elle a en revanche répété son hostilité aux euro-obligations.

La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé vendredi que l’Europe était sur le point de mettre en place une union budgétaire, dans un discours aux députés du Bundestag. “Nous ne parlons pas seulement d’une union budgétaire, nous sommes sur le point de la réaliser”, a-t-elle dit, ajoutant qu’il s’agirait d’une “union budgétaire avec des règles strictes, au moins pour la zone euro”.

“L’élément central” de cette “union de la stabilité” voulue par l’Allemagne sera “un nouveau plafond d’endettement européen”, a dit la chancelière, qui a répété sa ferme intention de convaincre ses partenaires de la nécessité de changer les traités européens pour y ancrer plus de discipline budgétaire. “Il n’y a pas d’alternative à un changement des traités”, a-t-elle dit.

C’est avec cette idée en tête que Mme Merkel ira à Bruxelles la semaine prochaine, a-t-elle redit. Avant cela, elle se rendra à Paris lundi pour préparer des propositions avec le président français Nicolas Sarkozy. Celui-ci a promis “plus de discipline, plus de solidarité, (…), un véritable gouvernement économique” en Europe, dans un discours prononcé jeudi à Toulon. Et reconnu que son pays, lui aussi très endetté, avait “peur” de “perdre la maîtrise de son destin”. Tous les espoirs sont dorénavant tournés vers la réunion des dirigeants européens les 8 et 9 décembre dans la capitale européenne, prochaine étape dans la succession de sommets présentés comme “décisifs” mais impuissants pour le moment à contenir l’embrasement de la crise de la dette.

“Nein” aux euro-obligations

D’ailleurs analystes et économistes se font peu d’illusions. “Cette fois-ci non plus il n’y aura pas le grand pas vers la délivrance espérée”, commentaient vendredi ceux de Commerzbank. Mme Merkel elle-même l’a redit: “le grand coup, le coup de massue” apportant une solution à tous les problèmes n’existe pas. Remédier aux causes du mal -les dérapages des finances publiques, la faible compétitivité de certains pays- “est un processus, et ce processus va prendre des années”.

Angela Merkel n’a toutefois pas caché qu’il y avait “encore des difficultés à surmonter”. La question du rôle de la Banque centrale européenne (BCE) dans la lutte contre la crise continue de diviser profondément Paris et Berlin. L’Allemagne s’est jusqu’à maintenant catégoriquement opposée à une intervention plus poussée de la BCE, et Mme Merkel n’a pas dévié de cette position vendredi. “C’est gravé dans les traités, le devoir (de la BCE) est d’assurer la stabilité de la monnaie”, a-t-elle dit, recueillant les applaudissements de son auditoire.

Mais l’indépendance de l’institution est “le bien suprême de nos démocraties”, a-t-elle ajouté, signalant qu’elle ne pourrait pas s’opposer à une décision venue de Francfort (ouest), siège de la BCE. Le président de celle-ci Mario Draghi ne semble toutefois pas prêt à ouvrir les vannes pour le moment. Il a exigé jeudi que les pays de la zone euro prennent des engagements forts pour la création d’une union budgétaire.

Berlin est également opposé à l’introduction d'”euro-obligations” communes à tous les pays de la zone euro, a répété la chancelière. Une telle mutualisation de la dette ne pourra intervenir qu’à l’issue d’un processus d’intégration européenne approfondie, pour l’Allemagne, qui n’y voit en tout cas pas le remède à la crise actuelle. “Quiconque n’a pas compris, que (les euro-obligations) ne pouvaient pas être la solution à cette crise n’a pas compris la nature de la crise”.

Trends.be avec L’expansion.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content