Ambiance électrique au sein de l’Olivier

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Le ministre wallon de l’Energie veut s’attaquer à la dégressivité du tarif de l’électricité, en proposant la gratuité pour les 500 premiers KWh. Mais il se fait allumer par ses partenaires. Le tout sur fond de crise du photovoltaïque.

Que se passe-t-il au pays de l’Olivier wallon ? Il y règne, à tout le moins, une ambiance de précampagne électorale. Le dernier pugilat en date est électrique. C’est écrit noir sur blanc dans la déclaration de politique régionale : la Wallonie cherchera à instaurer une tarification progressive de la fée électricité. Pour l’heure, les tarifs sont dégressifs ; plus on consomme, moins le coût du KWh est élevé. En cause, les frais fixes revenant aux gestionnaires du réseau de distribution – plus la facture est importante, plus ceux-ci sont “dilués”.

Ce week-end, le ministre wallon de l’Energie y allait de sa proposition dans La Libre. A savoir rendre, dès 2014 et pour les seuls particuliers, les 500 premiers KWh consommés gratuits, soit une économie de plus ou moins cent euros correspondant à ces fameux frais fixes. Et voilà la progressivité atteinte : plus on consomme, plus on paye – un fameux incitant pour songer à économiser l’énergie. Selon l’Ecolo Jean-Marc Nollet, les ménages consommant moins de 5.000 KWh par an (soit 73 % des foyers wallons) verront leur facture sensiblement diminuer – ceux se chauffant à l’électricité ou disposant d’une pompe à chaleur feront l’objet de dispositions particulières. Alors bien sûr, on ne rase pas gratis : ce sont les gros consommateurs qui supporteront le coût de la mesure, qui devrait atterrir ce jeudi sur la table du gouvernement.

Plus on gagne, plus on consomme

Et de se faire allumer dans la foulée, le cdH allant jusqu’à se demander si Nollet n’a pas “disjoncté”. Au PS, on s’étonne de la sortie médiatique. Les critiques fusent, pas toutes justifiées. Il se trouve des défenseurs, tout de même, comme Philippe Defeyt, qui précise s’exprimer “comme intellectuel et économiste” et non comme mandataire politique (Ecolo, vous l’aurez compris) . A ceux qui dénoncent le côté “antisocial” de la mesure, les écologistes renvoient les chiffres du régulateur wallon, la Cwape, qui montrent clairement que la consommation électrique augmente avec les revenus disponibles du ménage – ce n’est pas le cas pour le gaz, qui n’est donc pas concerné par la réforme. La Cwape regrette par contre que l’on parle de “gratuité”, un mauvais signal lorsque l’on entend par ailleurs inciter les gens à se montrer économes.

Chez Ecolo, on s’interroge. Les autres partis ont vu arriver le dossier, qui a déjà fait l’objet de quatre réunions “intercabinets”. Dans le camp d’en face, on soupçonne les Verts de donner dans l’effet d’annonce et d’allumer un “contre-feu” afin d’atténuer l’impact de la hausse inévitable de la douloureuse du particulier, due cette fois à la facture carabinée que laisse le plan wallon de soutien au photovoltaïque (Solwatt, signé cdH, rappelons au passage) : on parle de 2,5 milliards d’euros pour les quinze prochaines années. Un soutien qui doit, d’urgence, être réformé en profondeur, ce qui coince toujours actuellement. Gageons que l’ambiance sera un brin tendue, ce jour, à la table du gouvernement wallon.

Benoît Mathieu

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