Alexander De Croo dénonce une campagne “agressive” des Etats-Unis vis-à-vis de notre industrie
Le Premier ministre s’en prend vivement aux effets de l’Inflation Reduction Act. “L’Europe et la Belgique doivent elles aussi être agressives” réplique un expert. L’Europe veut agir, mais quand?
“Les Etats-Unis, notre partenaire, appellent nos industriels et leur disent: ‘Pourquoi investissez-vous encore en Europe? Vous devez venir aux Etats-Unis.” Alexander De Croo, Premier ministre belge, a exprimé son courroux lors d’une réunion au parlement européen, relayée par le Tijd.
Le libéral flamand s’est inquiété de l’impact de l’Inflation Reduction Act (IRA), ce vaste plan d’aide à l’économie américaine, avec des subsides de 369 milliards, des avantages fiscaux et des soutiens à la transition énergétique. Objectif: faire en sorte que la production se fasse en Amérique.
Alexander De Croo n’hésite pas à parler d’une campagne “agressive”.
Mark Delanote, professeur de droit fiscal à l’UGent et membre du Conseil supérieur des finances, réagit: “En Europe et en Belgique, on doit montrer rapidement plus d’agressivité et d’assertivité. Insulter les autres, c’est trop facile.”.
Une réponse en trois temps
Début décembre, en s’exprimant devant le Colège de l’Europe à Bruges, Ursula Von der Leyen, président de la Commission européenne, avait déjà évoqué une concurrence déloyale. Pour elle, “il existe un risque que l’IRA puisse conduire à une concurrence déloyale, puisse fermer des marchés, et fragmente les mêmes chaînes d’approvisionnement critiques qui ont déjà été éprouvées par la crise de la COVID-19″.
Ursula Von der Leyen évoquait une réponse en trois temps.
“Premièrement, nous devons adapter nos propres règles pour faciliter les investissements publics dans la transition”. Il s’agit, en gros, de simplifier les règles d’aides d’Etat et d’étendre leur champ d’application.
“Deuxièmement, poursuivait Ursula von der Leyen, nous devons réévaluer la nécessité d’un financement européen supplémentaire de la transition”. Il s’agit ici, notamment, de renforcer le plan RePOwerEU, lancé après la guerre en Ukraine.
Troisième champ d’intervention : la diplomatie. “Nous devons travailler avec les États-Unis pour aborder certains des aspects les plus préoccupants” de leur IRA, affirmait Ursula von der Leyen qui dit “privilégier la coopération plutôt que la confrontation”.
La patience européenne, visiblement, a des limites.
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